Pirelli : première séance mitigée à la Bourse de Milan

Le fabricant italien de pneus Pirelli, passé en 2015 sous contrôle chinois, a fait son retour mercredi à la Bourse de Milan, deux ans après l'avoir quittée, avec une première séance mitigée.

A 09H00 (07H00 GMT), le vice-président exécutif et directeur général du groupe, Marco Tronchetti Provera, a fait sonner la cloche, marquant le début de la première cotation, alors que Piazza Affari s'était parée des couleurs de Pirelli et de l'Italie.

Après avoir perdu jusqu'à 3% dans la matinée, le titre a fini sur une chute de 0,46% à 6,47 euros, alors même que le prix fixé pour ce retour en Bourse --6,5 euros-- était déjà dans le bas de la fourchette prévue initialement. Son recul est néanmoins limité par rapport à celui du marché, qui a cédé 1,44%.

M. Tronchetti Provera a estimé qu'il ne fallait pas regarder l'évolution actuelle du titre, mais seulement d'ici "quelques mois". "L'entreprise est solide et délivre des résultats. Les premiers jours, il y a toujours de la volatilité", a-t-il assuré.

"Pirelli revient en Bourse plus forte qu'avant, avec un grand projet, beaucoup de technologies et de passion", a-t-il ajouté.

Cette opération est la plus importante en Europe cette année. 40% du capital a été placé sur le marché à un prix valorisant Pirelli à 6,5 milliards d'euros.

"La demande a été deux fois plus importante que l'offre, avec des investisseurs très qualifiés, importants au niveau international, ce qui est un motif d'orgueil", s'est félicité son patron.

 

Repositionnement

Pirelli avait été retiré de la Bourse à l'automne 2015 après sa prise de contrôle par China National Chemical Corporation (ChemChina), via la société Marco Polo.

Ce retour était prévu par l'accord passé avec le géant chinois, avec un délai fixé à 2019, une fois que les activités pneus consommateurs et pneus industriels auraient été scindées.

C'est donc une société Pirelli avec un nouveau périmètre, centrée sur les pneus consommateurs, qui a fait son retour à Milan. La branche pneus industriels intègre elle celle d'Aeolus Tyre, cotée à Shanghai.

"Pirelli revient à la Bourse avec une valeur bien supérieure à quand elle en est sortie. Cela montre qu'un excellent travail a été mené avec le repositionnement effectué", a expliqué à l'AFP le doyen de l'école de commerce de Polytechnique (MIP Politecnico) à Milan, Andrea Sianesi.

Le groupe se focalise désormais "sur un portefeuille de produits plus réduit, les pneumatiques de voitures de moyenne et haute gamme, un peu premium", a-t-il ajouté, en jugeant "très positif" le fait que le retour en Bourse s'effectue avec deux ans d'avance sur le calendrier.

M. Tronchetti Provera a expliqué que l'intégration d'Aeolus Tyre avait été "plus rapide que prévu" et que les résultats de la branche consommateurs avaient été "extraordinaires".

Le groupe, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 4,9 milliards d'euros en 2016, prévoit une croissance annuelle moyenne de ses ventes d'au moins 9% d'ici à 2020.

Un chiffre "très important dans un tel secteur", juge M. Sianesi, en expliquant que le groupe peut s'appuyer sur "la qualité de ses produits et une structure de production très flexible et vraiment excellente".

"Le fait d'avoir un partenaire en Chine, où la demande de voitures continue à croître, est aussi une force", juge-t-il. S'il pouvait y avoir des peurs avec la prise de contrôle chinoise en 2015, "Pirelli a en fait gardé son autonomie, dans la définition des stratégies industrielles, tout en étant aidé par le fait d'avoir un partenaire industriel qui est un colosse".

 

'Managers brillants'

Les quartiers généraux du groupe resteront en Italie, de même que le contrôle sur son savoir-faire technologique, deux sujets sur lequel un changement requiert un vote d'au moins 90% du capital.

Avant l'entrée en Bourse, ChemChina détenait 65% de Marco Polo, qui contrôlait 100% de Pirelli. Les Italiens de Camfin (société indirectement contrôlée par M. Tronchetti et qui compte UniCredit et Intesa Sanpaolo comme actionnaires) avaient 22,4% et les Russes de LTI 12,6%.

LTI détient désormais quelque 5%, Camfin 10% et ChemChina 45%.

Alors que M. Tronchetti Provera, 70 ans, compte lâcher les rênes de l'entreprise en 2020, il a laissé entendre que son successeur serait issu de son équipe, jugeant que "l'avenir du groupe était entre d'excellentes mains".

M. Sianesi est lui aussi confiant: "M. Tronchetti Provera s'est toujours entouré de managers très brillants. Pirelli n'est pas une entreprise liée à un homme".

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