Toutes les infos sur la fuite de Carlos Ghosn
Dans cette affaire ayant pris une ampleur internationale, les dernières images de vidéosurveillance à Tokyo ont révélé que l'ex-patron de Renault-Nissan, arrivé lundi au Liban, avait quitté seul sa résidence japonaise, où il était assigné. Sa fuite a provoqué la stupeur: il était assigné à domicile à Tokyo dans des conditions très strictes et avait interdiction de quitter le pays dans l'attente de son procès.
Le Liban ayant reçu une notice rouge d'Interpol, l'homme d'affaires pourrait être entendu dès la semaine prochaine par le parquet général libanais, comme l'impose la procédure, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
"La justice est contrainte de l'entendre. Mais elle peut décider de l'arrêter ou de le laisser en liberté", a souligné cette source, ajoutant que l'homme d'affaires pourrait être convoqué mardi ou mercredi.
Les autorités libanaises ont annoncé que Carlos Ghosn était entré "légalement" dans le pays et rappelé qu'il n'y avait pas d'accord d'extradition avec le Japon.
"Moi seul"
L'homme d'affaires limite ses déclarations aux médias depuis son arrivée au Liban, son pays d'origine. Il y vit en toute liberté même si son lieu de résidence est inconnu des médias.
"Les allégations dans les médias selon lesquelles mon épouse Carole et d'autres membres de ma famille auraient joué un rôle dans mon départ du Japon sont fausses et mensongères. C’est moi seul qui ai organisé mon départ. Ma famille n'a joué aucun rôle", a-t-il affirmé jeudi dans un court communiqué. Il devrait donner une conférence de presse la semaine prochaine.
Des avocats libanais demandent des poursuites
Des avocats au Liban ont demandé au parquet général d'entamer des poursuites contre l'ex-patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn pour un déplacement en Israël, pays voisin où les ressortissants libanais n'ont pas le droit de se rendre, a indiqué jeudi l'un d'eux à l'AFP. L'homme d'affaires détient les nationalités française, brésilienne et libanaise. Alors qu'il était encore président de Renault-Nissan, il s'était rendu en Israël en 2008 dans le cadre d'un partenariat pour le lancement d'une voiture électrique.
"Avoir des rapports avec Israël ce n'est pas une question d'opinion, la loi interdit toute normalisation", a indiqué jeudi à l'AFP Hassan Bazzi, un des trois avocats ayant présenté une requête auprès du parquet général. Le "rapport" présenté au parquet reproche à M. Ghosn d'avoir commis "le crime d'entrer en pays ennemi et d'avoir violé la loi du boycott d'Israël", a rapporté l'agence de presse officielle ANI.
Pays voisins, le Liban et Israël sont techniquement en état de guerre et Beyrouth interdit à ses ressortissants de se rendre en Israël ou d'avoir des contacts dans l'Etat hébreu.
"Où était le parquet général et la sureté générale lors des précédentes visites au Liban de M. Ghosn, après qu'il se fut rendu en Palestine occupée et qu'il y fut photographié", s'est insurgé Me Bazzi. "Les pauvres sont poursuivis au Liban, tandis que ceux qui ont gagné des millions en faisant des investissements avec l'ennemi sont traités en héros", a fustigé l'avocat.
Sur les réseaux sociaux, les utilisateurs ont partagé une ancienne photo prise à Jérusalem montrant M. Ghosn et le président israélien défunt Shimon Peres.
En 2017, le célèbre réalisateur franco-libanais Ziad Doueiri avait eu des démêlés avec la justice libanaise pour des scènes de son film "L'Attentat" tournées en Israël avec des acteurs israéliens.
Démenti du président libanais
La présidence libanaise a démenti jeudi les allégations selon lesquelles le président Michel Aoun a accueilli à son arrivée au Liban Carlos Ghosn, l'ex-patron de Renault-Nissan qui a fui le Japon où il était assigné à résidence.
Des médias ont rapporté que l'homme d'affaires, détenteur des nationalités libanaise, française et brésilienne, avait été reçu par M. Aoun, ce qu'un responsable au sein de la présidence a démenti. "Il n'a pas été reçu à la présidence et n'a pas rencontré le président de la République", a affirmé ce responsable à l'AFP.
Certains Libanais voient en lui un symbole de réussite au sein de l'importante diaspora libanaise. Mais son retour au Liban, théâtre d'un vaste mouvement de contestation depuis octobre contre une classe politique jugée corrompue, est perçu par les protestataires comme la démonstration de l'impunité et des privilèges dont jouissent les plus riches.
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