Tricherie VW: ce qu'il faut en retenir...

Le scandale des moteurs truqués de Volkswagen, véritable séisme pour le secteur automobile mondial, a commencé mi-septembre avec des révélations des autorités américaines, et pris une ampleur inédite cette semaine avec l'aveu d'une autre fraude. L'essentiel en quelques points.

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Que savait-on jusqu'à présent?

Volkswagen a avoué en septembre que les moteurs diesel de 11 millions de véhicules dans le monde étaient équipés d'un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution, en maintenant les émissions d'oxydes d'azote (NOx), polluants atmosphériques toxiques, à un niveau artificiellement bas pendant les phases de tests. Le logiciel truqueur est installé sur les moteurs de type EA189, monté sur des véhicules de motorisation 2 litres, 1,6L et 1,2L.

Sur les douze marques du mastodonte de l'automobile, cinq sont concernées : la marque phare Volkswagen, mais aussi Audi, Seat, Skoda ainsi que les utilitaires VW. La fraude porte sur 8,5 millions de voitures en Europe et 480.000 aux Etats-Unis.

 

Quels sont les nouveaux développements?

Depuis septembre, le groupe a dû démentir plusieurs rumeurs mettant en cause d'autres types de véhicules.

Lundi, l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA), qui avait la première révélé la tricherie, a accusé le constructeur d'avoir installé des logiciels truqueurs aux Etats-Unis sur des moteurs diesel plus puissants, de trois litres V6, équipant des modèles Audi et Porsche. Selon l'EPA, au moins 10.000 véhicules seraient concernés aux Etats-Unis.

Le géant de l'automobile a démenti et veut "coopérer complètement avec l'EPA, afin d'expliquer totalement les faits".

Nouveau coup de théâtre mardi: Volkswagen a admis des "incohérences inexpliquées" sur les émissions, de dioxyde de carbone (CO2) cette fois, d'environ 800.000 véhicules supplémentaires.

Sur des moteurs diesel 1,4 litre, 1,6 litre et 2 litres dans des modèles de VW, Skoda, Audi et Seat, et sur un moteur essence, les émissions de CO2 sont plus élevées que ce que Volkswagen promet sur le papier.

 

Quelles conséquences pour les clients?

Les 11 millions de véhicules concernés par le logiciel truqueur vont devoir être remis aux normes au moyen d'une immense action de rappel.

Pour certains modèles une manipulation informatique suffira, pour d'autres, la majorité, il faudra intervenir mécaniquement sur le moteur lui-même. Le rappel doit débuter début 2016 et s'étaler sur toute l'année.

Les propriétaires de voitures concernées doivent être contactés directement par leur concessionnaire qui leur indiquera la marche à suivre.

Pour les clients des 800.000 voitures qui émettent plus de CO2 qu'annoncé jusqu'à présent, rien ne change dans la pratique. Volkswagen doit simplement ajuster le descriptif des spécifications techniques, c'est-à-dire mettre sur le papier - et notamment dans les documents fournis aux autorités pour l'homologation des véhicules - les valeurs réellement émises.

En revanche, puisqu'ils ont de facto été trompés sur la marchandise, ces clients pourraient réclamer un remboursement ou un dédommagement.

 

Quelles conséquences pour Volkswagen?

Le groupe est en crise. Son patron a été remplacé au pied levé par l'ex-numéro un de PorscheMatthias Müller, qui a promis de faire toute la lumière sur les faits.

Plusieurs dirigeants ont été suspendus. M. Müller prévoit une réorganisation et un changement de culture qui doivent décentraliser le groupe.

Les rappels vont coûter des milliards. Vont s'y ajouter les pénalités - aux Etats-Unis seuls une amende de 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros) est envisageable -, et les coûts induits par une kyrielle de procès, intentés par des clients floués et des actionnaires qui ont laissé des plumes dans la chute du titre en Bourse (près de 40% depuis mi-septembre).

Volkswagen a déjà provisionné 6,5 milliards d'euros dans ses comptes, ce qui a conduit à sa première perte depuis 15 ans au troisième trimestre. La facture finale se chiffrera vraisemblablement en dizaines de milliards d'euros.

Certains observateurs ont commencé à spéculer sur un démantèlement du groupe, les noms de filiales prestigieuses mais relativement petites comme Lamborghini ou les motos Ducati circulant déjà comme posibles candidates à une vente.

 

Les zones d'ombre qui subsistent

La question des responsabilités de la tricherie avec le logiciel n'est pas éclaircie et occupe à la fois des enquêteurs internes et la justice allemande.

Volkswagen a démenti les accusations de l'EPA sur les moteurs 3 litres, mais n'avance pas d'explication sur les irrégularités constatées par l'autorité.

Quant aux aveux sur le CO2, ils soulèvent une série de questions: les fausses informarions étaient-elles délibérées, et si oui le fait de qui ? Certaines voitures concernées ont-elles de ce fait dépassé les plafonds réglementaires d'émission? Comment les clients concernés peuvent-ils savoir qu'ils le sont?

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