Au premier trimestre (avril-juin), le bénéfice net a augmenté de 7% à 657 milliards de yens (5 milliards d'euros au cours retenu par le groupe) et les ventes ont été "solides" aux États-Unis et en Asie.
Mais comme ses rivaux Volkswagen, General Motors ou Nissan, qui ont déjà publié leurs comptes trimestriels, Toyota, un des plus importants fabricants de voitures au monde, s'inquiète de l'impact de l'offensive commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump.
Déjà, les effets de cette politique résolument protectionniste se font sentir.
Le bénéfice opérationnel annuel devrait être affecté par "une augmentation des cours des matières premières", conséquence des nouveaux tarifs douaniers sur les importations d'acier et d'aluminium imposés par Washington, a déploré un responsable du groupe japonais, Masayoshi Shirayanagi, lors de la conférence de présentation des résultats à Tokyo.
Toyota est aussi affecté par la guerre commerciale qui oppose États-Unis et Chine. "Nous ne sommes pas directement touchés par les taxes instaurées par les États-Unis contre Pékin, mais nos fournisseurs le sont, donc nous surveillons la situation avec attention, a souligné M. Shirayanagi.
- 'Impact significatif' -
C'est surtout la perspective de taxes américaines de 25% sur l'automobile qui lui donne des sueurs froides. "Nous n'avons pas intégré dans nos prévisions" de possibles taxes américaines de 25% sur les voitures importées, "mais l'impact serait significatif", a-t-il prévenu.
Pour Toyota, l'enjeu est particulièrement important: les États-Unis représentent son premier marché devant le Japon, avec 2,4 millions de véhicules vendus en 2017, dont "seulement" la moitié produits sur place dans 10 sites, et bientôt 11: une usine doit sortir de terre en 2021, en partenariat avec son compatriote Mazda, dans l'Alabama (sud).
"Si des tarifs douaniers sont imposés, nous subirions des coûts plus élevés sur les véhicules exportés du Japon et Toyota ne peut pas se le permettre, donc nous répercuterions les coûts sur nos clients et nos ventes diminueraient", a averti le vice-président Moritaka Yoshida.
"Dans quelle ampleur? Nous ne pouvons rien dire de concret, mais nous sommes très vigilants", a ajouté le responsable.
À titre d'exemple, sa berline Camry subirait une hausse de prix de 1.800 dollars.
- Prévisions pas relevées -
Même sans cet impact, Toyota anticipe un déclin de son bénéfice net de 15% au terme de l'exercice qui s'achèvera en mars 2019, à 2.120 milliards de yens. Une estimation identique à celle livrée en mai.
Il s'attend en effet à des variations de devises défavorables (notamment un regain du yen face au dollar) et à une augmentation des dépenses technologiques liées à la motorisation électrique et à la conduite autonome, dans un secteur en pleine mutation.
Sur les trois premiers mois de l'exercice, Toyota a fortement accru son bénéfice d'exploitation (+19%), grâce à une baisse des dépenses et aux effets positifs de ses initiatives marketing.
Son chiffre d'affaires trimestriel a progressé dans le même temps de 4,5% à 7.363 milliards de yens, pour 2,6 millions de véhicules écoulés dans le monde.
Par zone géographique, les ventes ont augmenté aux États-Unis malgré le ralentissement du marché, mais les profits ont reculé dans la région du fait des opérations de promotion proposées pour attirer des clients.
En Asie, le groupe japonais a commercialisé davantage de voitures et accru ses profits, tandis que son activité a souffert au Japon.
Sur l'ensemble de l'exercice, les recettes sont attendues en repli de 1,3% à 29.000 milliards de yens (230 milliards d'euros selon le taux de change anticipé par le groupe).
Toyota prévoit de distribuer 10,5 millions de véhicules sur la période grâce à l'ensemble des marques: Toyota, Daihatsu (mini-véhicules) et Hino (poids lourds).
À la Bourse de Tokyo, l'action a fini repli de 0,85%.
"Les résultats ne sont pas mal du tout mais des incertitudes persistent du fait des tensions commerciales", a commenté pour l'AFP Makoto Sengoku, analyste à l'institut de recherche Tokai Tokyo.
"Certains investisseurs espéraient un relèvement des estimations annuelles", a-t-il ajouté.
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