Tesla à l'aube d'une année incertaine sous la seconde présidence Trump

Le groupe Tesla, spécialiste américain des véhicules électriques, devrait dévoiler mercredi des résultats en hausse au quatrième trimestre, en amont d'un exercice 2025 qui devrait profiter de la sortie de nouveaux modèles marquée cependant par les incertitudes liées au retour de Donald Trump.

"L'âge d'or de l'autonomie, du FSD (Full Self-Driving, conduite entièrement autonome) et d'Optimus, est arrivé", commentaient récemment les analystes de Wedbush, en référence au robot humanoïde qu'Elon Musk, patron de Tesla, veut produire à grande échelle pour commencer à le faire travailler dans son usine texane dès 2026.

Selon eux, le retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche "va totalement changer la donne" dans l'histoire de l'autonomie et de l'intelligence artificielle, du fait notamment de sa volonté d'alléger les réglementations et les aides publiques.

Autant d'éléments "très favorables" pour l'entreprise d'Elon Musk, devenu un allié très proche.

Pour Wedbush, Tesla pourrait être le premier à atteindre une capitalisation boursière de 2.000 milliards de dollars, dès 2025, dont "au moins 1.000 milliards uniquement avec l'autonomie et l'IA".

Mais, dès les premières heures de sa seconde présidence, le républicain climato-sceptique a ciblé les véhicules électriques avec un décret supprimant les subventions fédérales pour l'implantation de stations de recharge.

D'autres mesures pourraient suivre, comme l'élimination d'un crédit d'impôt fédéral de 7.500 dollars pour l'achat d'un véhicule électrique.

D'après les analystes de Wells Fargo, Tesla serait le constructeur le plus affecté car tous ses modèles peuvent y prétendre, contre seulement 31% pour ses concurrents.

Cette suppression reviendrait, selon eux, à une hausse des prix de vente d'environ 12% pour Tesla. Le groupe n'a pas hésité à rogner ses marges pour maintenir ses prix au plus bas afin de stimuler ses ventes et dispose donc de peu de flexibilité en la matière.

Tesla publie mercredi, après la fermeture de la Bourse de New York, ses résultats du quatrième trimestre 2024.

Le consensus des analystes de FactSet prévoit un chiffre d'affaires de 27,22 milliards de dollars, et un bénéfice net par action hors éléments exceptionnels - référence pour les marchés - de 77 cents.

Sur la même période de 2023, ils étaient respectivement de 25,17 milliards et 71 cents.

Première baisse

Les livraisons ont fléchi en 2024 (-1%) à 1,79 million de véhicules - premier recul de son histoire - alors que Tesla anticipait une "légère augmentation". C'est la première année pleine de vente du cybertruck, son pickup aux lignes futuristes.

Tesla a été affecté par des fermetures temporaires de sites, notamment en Allemagne après un incendie volontaire et une grève, mais aussi au Texas et en Chine pour des travaux de modernisation.

Malgré cela, Tesla reste le premier constructeur mondial de véhicules tout électrique, devançant de peu son concurrent chinois BYD (1,76 million).

"Nous nous attendons à ce que les volumes rebondissent en 2025, tirés par les nouveaux modèles et versions rafraîchies, même si nous pensons que le premier trimestre devrait commencer au ralenti", ont prévenu les analystes de Deutsche Bank, pariant sur un bond de 15% des livraisons sur l'exercice.

Selon une récente étude de l'institut spécialisé Research and Markets, le marché des véhicules électriques devrait progresser de plus de 11% par an entre 2025 et 2033 aux Etats-Unis, pour ressortir à 537,53 milliards de dollars.

Pour Garrett Nelson, analyste chez CFRA, le secteur va affronter encore beaucoup de vents contraires cette année même si l'environnement réglementaire devrait s'alléger sous l'administration Trump.

Concernant Tesla, l'analyste estime que "beaucoup dépendra de la capacité d'(Elon Musk) à maintenir les investisseurs concentrés sur la vision à long terme et à ignorer certains cahots de court terme".

"La politisation d'Elon est, à coup sûr, un sujet brûlant pour les investisseurs et, d'après les premières indications, ils pensent qu'il met en danger les ventes de véhicules", a commenté Jeff Osborne, de TDCowen. Il rappelle que le milliardaire a répété à maintes reprises qu'il ne fallait pas considérer Tesla comme un simple constructeur automobile.

"Il va sans doute y avoir beaucoup de questions (des analystes) sur toutes ces thématiques mais, comme d'habitude avec Tesla, on aura très peu de détail", a relevé M. Osborne.

Le groupe s'est aussi fait grignoter des parts de marché par les constructeurs traditionnels comme General Motors, Ford ou encore Toyota qui ont mis un coup d'accélérateur pour la transition énergétique.

Et des startups comme Rivian, désormais soutenue par le géant allemand Volkswagen, et Mullen creusent également leur trou.

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