Entre 35 à 40 millions d'airbags supplémentaires devront être réparés dans les trois prochaines années et viendront s'ajouter aux 28,8 millions de rappels déjà ordonnés aux Etats-Unis, a affirmé l'agence de sécurité routière américaine (NHTSA).
Dans une hypothèse haute, près du quart du parc automobile américain sera concerné par cette opération inédite, qui porte à quelque 100 millions le nombre de rappels d'airbags Takata dans le monde et pourrait mettre en jeu la survie financière de l'équipementier japonais.
"Les airbags ont sauvé des milliers de vies et continueront de le faire. Mais les Américains ont le droit d'être convaincus que ce dispositif de sécurité les protégera eux et leurs proches en cas d'accident", a déclaré l'administrateur de la NHTSA Mark Rosekind lors d'une conférence de presse.
La précision n'est pas fortuite. Au cours des récentes années, certains airbags Takata équipés de gonfleurs au nitrate d'ammonium se sont révélés être de potentielles sources de danger en explosant après une collision parfois mineure et en projetant des fragments sur le conducteur ou le passager.
Deux nouveaux décès en Malaisie
Le bilan est encore provisoire mais cette avarie est déjà liée à 13 morts accidentelles dans le monde, dont 10 aux Etats-Unis et 2 en Malaisie, et à plusieurs centaines de blessés. Les deux décès en Malaisie sont survenus en avril dans l'Etat du Sabah, sur l'île de Bornéo, et en mai dans l'Etat du Kedah. "Honda a confirmé que le gonfleur de l'airbag avait éclaté dans deux accidents en avril et mai, en Malaisie", a précisé Honda Malaysia dans un communiqué.
"Les deux accidents ont entraîné la mort tragique des conducteurs", a-t-il poursuivi, ajoutant que la cause officielle du décès dans les deux accidents impliquant des voitures Honda City devait encore être déterminée.
De nombreux autres cas d'explosions intempestives de gonfleurs d'airbag Takata ont par ailleurs été recensés dans le monde. Des campagnes massives de rappels de véhicules ont été lancées à la suite de ces incidents.
Takata et les constructeurs, pas plus que les autorités, n'ont élucidé la cause première des dysfonctionnements des gonfleurs de ces airbags, mais une combinaison de trois facteurs a été identifiée comme probablement responsable: un agent chimique incapable d'absorber l'humidité (un certain nitrate d'ammonium), des conditions climatiques extrêmes et une conception inadéquate.
Ces faits valent à Takata d'être sous le coup d'une enquête pénale aux Etats-Unis.
Certains airbags "posent un danger excessif et doivent être remplacés", a affirmé M. Rosekind. "Nous devons nous assurer que les automobilistes aient des gonfleurs fiables installés dans leurs véhicules".
Dans un communiqué, Takata affirme avoir accepté de coopérer avec les autorités pour faciliter ces nouveaux rappels même s'il tente de minimiser les risques.
Le groupe dit ainsi ne pas "avoir été informé" d'une rupture d'airbags sur les véhicules concernés par ces nouveaux rappels et assure qu'aucune donnée scientifique n'indique que ces voitures présenteraient "un risque particulier".
Il rappelle également que la "grande majorité" des airbags qu'il produit actuellement contiennent un produit dessiccant anti-humidité censé atténuer les risques de ruptures d'airbags.
Difficile réparation
Les éventuelles réparations s'annoncent en tout cas fastidieuses alors que les fabricants peinent déjà à faire face à la demande de remplacement des airbags. Selon M. Rosekind, il faut "s'assurer que les fournisseurs comprennent les besoins et accélèrent leur production pour y faire face".
Pour l'heure, seuls 8,2 millions d'airbags ont été réparés aux Etats-Unis selon la NHTSA. "Nous ne sommes absolument pas satisfaits du taux de réparation pour les rappels actellement en cours", a commenté le patron de l'agence mercredi.
Cité dans le communiqué, le PDG de Takata, Shigehisa Takada, assure que son groupe "continuera de dédier des ressources importantes" pour accélérer le taux de de réparation aux Etats-Unis.
Ce scandale a déjà valu au groupe japonais une amende civile sans précédent de 200 millions de dollars aux Etats-Unis, dont 130 avec sursis, et l'a forcé à annoncer plusieurs mesures pour changer ses pratiques.
Mais l'addition finale sera considérablement plus salée. Selon l'agence Bloomberg News, Takata a estimé qu'il pourrait devoir débourser au total 21 milliards de dollars dans le monde pour couvrir les coûts de réparation de ses airbags potentiellement défectueux.
Le groupe octogénaire et ses 49.000 employés pourraient ne pas avoir les ressources nécessaires pour survivre à cette épreuve.
Aux Etats-Unis, l'affaire Takata vient par ailleurs s'ajouter à une longue liste de retentissants scandales dans le secteur automobile, notamment l'affaire du commutateur d'allumage de General Motors et des moteurs diesel truqués de Volkswagen.
jt/jld/az