Smart Hambach : avis favorable du CSE à la reprise par Ineos

Le comité social et économique (CSE) de l'usine Smart à Hambach (Moselle) a remis jeudi un avis consultatif favorable à la reprise du site appartenant à Daimler par le Britannique Ineos, tout en soulignant que ce rachat, sans alternative, pourrait être amélioré.

"Les membres du CSE apprécient favorablement le projet de cession de 100% des parts sociales de la société Smart France à Ineos Automotive Ltd, cette reprise par Ineos permettant la continuité de l'emploi pour les salariés du site de Hambach", indique l'avis remis jeudi et que l'AFP a pu consulter.

Mais "certains points pourraient être améliorés", soulignent les membres du CSE.

Dans un communiqué, le groupe Daimler s'est dit "heureux que le processus pour l'éventuelle vente de l'usine de Hambach se soit jusqu'à présent déroulé rapidement et dans un climat de confiance et de respect mutuels".

L'avis favorable du CSE "nous donne maintenant la possibilité d'achever le processus de vente rapidement", précise le constructeur automobile allemand.

De son côté, Ineos s'est dit "ravi" de ce soutien, y voyant une "étape importante vers la conclusion d'un accord qui verra Hambach devenir le site de production de Grenadier", son futur 4X4. "Nous espérons parvenir à un accord dans les prochaines semaines", a-t-il ajouté.

Propriétaire des marques Mercedes et Smart, Daimler avait surpris début juillet en annonçant la vente du site mosellan de fabrication de la petite citadine électrique en raison de difficultés financières liées à l'épidémie de Covid-19. L'usine emploie 1.600 salariés actuellement, dont 700 sous-traitants.

Le groupe de chimie britannique Ineos est le seul à avoir proposé le rachat de l'usine afin de faire son entrée dans le secteur automobile et d'y fabriquer son futur 4X4 à compter de 2022.

La construction de la Smart à Hambach se poursuivra jusqu'à 2024 afin d'assurer une charge de travail suffisante au site pendant la transition avec Ineos.

La ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher a salué "l'engagement et le professionnalisme des représentants du personnel qui ont obtenu de réelles avancées pour pérenniser l'activité industrielle sur le site, avec le soutien des services de l'Etat", dans un message transmis à l'AFP.

 

Secret "pas acceptable"

Si les membres du CSE ont souligné que l'arrivée d'Ineos "a le mérite de sauvegarder les emplois du site" et que "les engagements d'Ineos sur les ressources humaines sont appréciables", ils relèvent néanmoins que "la durée de continuité de l'emploi pour l'ensemble des salariés n'est assurée au mieux que jusqu'à avril 2024" et sous réserve du succès des modèles fabriqués.

"Les activités complémentaires potentielles apportées par Mercedes doivent être garanties par le contrat de vente", demandent-ils également.

Mme Pannier-Runacher a annoncé la mise en place d'un comité de suivi de l'accord "dans les prochaines semaines".

"Il associera l'ensemble des parties prenantes pour faire le point, régulièrement et dans la durée, sur l'activité qui restera confiée par Daimler sur le site ainsi que la montée en charge du Grenadier", selon la ministre.

"Daimler a en effet une responsabilité envers l'ensemble des personnes travaillant sur le site et devra être à la hauteur des engagements pris. J'y veillerai personnellement", promet Mme Pannier-Runacher.

Considérant qu'"une prise de participation financière dans le projet de la part du groupe Daimler aurait été également la bienvenue", les membres du CSE s'inquiètent par ailleurs du fait que "le modèle Ineos Grenadier s'avère être un véhicule thermique fortement émetteur de CO2", qui risque donc d'être "de plus en plus difficile de vendre à partir de la deuxième moitié de cette décennie".

Dans un communiqué, la CGT a ainsi demandé au repreneur de "développer d'autres motorisations", estimant que le moteur du 4x4 se trouve "à contre-courant de ce qui se fait dans l'automobile", notamment en termes de motorisation électrique.

Elle a également regretté "l'absence de transparence totale" des négociations. "Quand un site industriel est financé par des contributions publiques, le secret des affaires n'est pas acceptable", a-t-elle souligné.

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