Plastic Omnium/Faurecia: Bruxelles impose ses conditions

Le périmètre de l'acquisition d'une partie de Faurecia par Plastic Omnium a été amputé d'un tiers lundi par la Commission européenne qui souhaite préserver une "pression concurrentielle suffisante" entre équipementiers automobiles.

La Commission a donné son feu vert au rachat par Plastic Omnium de l'activité pare-chocs de Faurecia, contrôlé par le groupe PSA. Mais Plastic Omnium a dû accepter de céder, à un tiers non encore identifié, sept installations industrielles.

Sont concernés, selon un porte-parole de Plastic Omnium, quatre sites en France --Audincourt (Doubs), Marles-les-Mines (Pas-de-Calais), Marines (Val-d'Oise) et Burnhaupt-le-Haut (Haut-Rhin)--, deux en Allemagne --Ingolstadt (Bavière) et Offenau (Bade-Wurtemberg)-- et un en Espagne --Valladolid (Castille-et-Leon).

L'accord initial entre Faurecia et Plastic Omnium, annoncé par les deux équipementiers automobiles français fin 2015, concernait 22 sites employant 7.700 personnes. L'activité concernée a généré un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros en 2014.

Lundi soir, Plastic Omnium a estimé à 1,2 milliard d'euros le montant du chiffre d'affaires qui subsisterait dans son périmètre une fois les cessions demandées effectuées et précisé que les 15 sites dans ce périmètre employaient 5.500 personnes. La décision de Bruxelles n'affecte pas le montant de la transaction, soit 665 millions d'euros, a noté pour sa part Faurecia.

L'engagement de Plastic Omnium, une fois concrétisé, permettra de répondre "à tous les problèmes de concurrence relevés par la Commission", a indiqué de son côté l'institution dans un communiqué.

Celle-ci craignait que "l'entité issue de la concentration ne soit pas soumise à une pression concurrentielle suffisante de la part des autres acteurs du marché de la production et de la fourniture de pare-chocs en plastique dans le nord, l'est et l'ouest de la France, en Belgique et en Espagne", selon la même source. "Le choix de fournisseurs laissé aux constructeurs automobiles aurait été très limité, voire nul".

La Commission a aussi estimé que l'opération aurait provoqué "des problèmes de concurrence sur le marché de la production et de la fourniture des +modules de face avant+ (le composant structurel se trouvant derrière le pare-chocs), des +hayons (arrières) en plastique+", entre autres, "au niveau de l'Espace économique européen".

 

Accès aux constructeurs allemands

La finalisation de l'opération d'acquisition aura lieu le 29 juillet, selon les deux entreprises.

Plastic Omnium a promis de veiller à "préserver l'avenir des sites concernés (par la cession), celui de leurs employés et de leurs clients, tout en satisfaisant aux exigences de la Commission européenne".

D'un point de vue stratégique, l'entreprise dirigée par Laurent Burelle a laissé entendre que l'objectif premier de l'opération restait atteint, c'est à dire de prendre pied en Allemagne, "où Plastic Omnium n'était pas présent dans la production de systèmes extérieurs de carrosserie" et va désormais réaliser 800 millions d'euros annuels de chiffre d'affaires.

"Cette acquisition crée de nouveaux liens avec les clients Audi, Mercedes et Ford et resserre les relations notamment avec Volkswagen, Seat et PSA, ainsi qu'avec BMW et Fiat Chrysler Automobiles - FCA", selon le communiqué de Plastic Omnium qui souligne conforter ainsi sa "position de n°1 mondial des systèmes extérieurs de carrosserie avec une part de marché mondiale portée à 15%".

Pour sa part, Faurecia s'est félicité du fait que "cette opération se traduira par la disparition quasi totale de (sa) dette nette". "Le Groupe sera alors en mesure d'accélérer ses investissements dans des technologies à forte valeur ajoutée pour la mobilité durable et le cockpit du futur", a ajouté l'entreprise.

En décembre, celle-ci avait précisé qu'elle allait garder une petite activité de composants extérieurs à hauteur de 85 millions d'euros de chiffre d'affaires pour notamment servir l'usine Smart de Hambach (Moselle) et développer les matériaux composites, un secteur "stratégique".

Faurecia a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires mondial en hausse de 9,9% à 20,69 millions d'euros, et multiplié par deux son bénéfice net à 370 millions d'euros. Plastic Omnium, de taille inférieure avec une activité de 5,98 milliards d'euros (+13,9% par rapport à 2014), a quant à lui dégagé un résultat net de 258 millions d'euros l'année dernière.

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