Péchiney-Dunkerque: les syndicats réservés

Les syndicats de l'ex-Péchiney Dunkerque ont exprimé des réserves mercredi sur le projet du repreneur du site, Liberty House (Groupe GFC Alliance), estimant qu'il relevait à ce stade du "flou total" et comportait des incertitudes commerciales.

"Nous avons nommé un expert, le cabinet Secafi, pour examiner ce projet. Pour l'instant, il n'y a aucune certitude sur rien. Nous avons posé des questions, mais c'est le flou total", a déclaré à l'AFP Laurent Geeraert, secrétaire (CGT) du CE et du CCE, joint par téléphone à Voreppe (Isère), siège d'Aluminium Péchiney en France, à l'issue du comité central d'entreprise.

"Les dirigeants nous ont parlé de la possible création de 3.000 emplois directs et indirects d'ici 4 à 5 ans, après un investissement d'un milliard d'euros dans une usine. Il y aurait a priori une laminoir pour bobines d'aluminium et une usine d'emboutissage de pièces autos. S'agira-t-il d'une extension du site actuel, d'une entité indépendante? Ils n'ont pas été capables de nous répondre", a poursuivi M. Geeraert.

"Nous ne sommes pas entièrement satisfaits de cette présentation. Si c'est un effet d'annonce pour obtenir des tarifs d'énergie préférentiels auprès du gouvernement...", a encore affirmé M. Geeraert.

"Avec ce projet, nous allons être en concurrence avec notre client principal. Le risque commercial se situe dans la transition entre notre situation contractuelle actuelle et la sortie de terre de l'usine", relève aussi Jean-Hervé Harvel, délégué central CFE-CGC. "Mais ils savent où ils veulent aller, ce n'est pas délirant", tempère-t-il.

Ancien fleuron de Péchiney et actuellement dans l'orbite de Rio Tinto, Aluminium Dunkerque va passer sous le contrôle du groupe GFG Alliance de l'industriel britannique Sanjeev Gupta, première étape d'un ambitieux projet affiché de déploiement en France. L'annonce de cette acquisition a été faite le 10 janvier.

Le rachat est porté par Liberty House, la branche industrielle de GFG, qui souhaite développer les activités aval de l'usine de Dunkerque par des produits destinés à l'industrie automobile.

L'usine de Dunkerque emploie actuellement 570 salariés.

"En accord avec la législation française, nous lançons maintenant une phase de consultation avec les salariés, les comités d'entreprises européens les plus représentatifs ainsi que les autres parties prenantes impliquées dans cet appel d'offre. Rio Tinto et Liberty House sont toutes deux engagées dans ce processus et ne feront aucune déclaration avant la fin de ce dernier", a simplement déclaré Liberty House dans un court communiqué.

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