La marque Jeep négocie une ornière difficile

Le légendaire constructeur de véhicules tout-terrain américain Jeep négocie une ornière difficile entre un fort ralentissement de ses ventes aux Etats-Unis et un renouvellement de sa gamme qui se fait attendre.

Filiale du groupe italo-américain Fiat Chrysler (FCA), Jeep est l'un des fers de lance de ce constructeur aux Etats-Unis qui y vend aussi les voitures Chrysler, Dodge, RAM, Fiat, Maserati et depuis peu Alfa Romeo.

Mais les ventes des différents modèles Jeep se sont affichées en forte baisse de 18% en mai et de 13% depuis le début de l'année. Sergio Marchionne, le PDG de FCA, a évoqué l'idée de développer Jeep comme marque indépendante, comme il l'a fait avec Ferrari, mais il lui faudrait pour cela afficher une meilleure santé.

Selon Todd Goyer, un porte-parole de la marque, la faiblesse n'est que temporaire. "Elle vient de la réduction volontaire des ventes aux flottes (location de voitures et entreprises) et à la transition entre les précédents modèles Compass et Patriot et le prochain modèle Compass. Il fait également observer qu'à l'échelon mondial, les ventes sont en hausse de 6% depuis le début de l'année.

Jeep possède une usine au Mexique, où la production tourne à plein, mais a dû réduire celle dans ses sites américains à Belvidere (Illinois) et Toledo (Ohio) et l'arrivée du nouveau modèle Compass n'est pas attendue avant la fin de l'année.

Seul rayon de lumière, la solidité des ventes du modèle vedette Grand Cherokee, en progression de 11% en mai.

 

Problèmes de qualité

Mais Jeep connait aussi des problèmes plus structurels. "Les modèles de Fiat Chrysler figurent toujours en bas du tableau dans les enquêtes de qualité et de fiabilité. Le constructeur semble incapable d'y remédier alors que ses concurrents le font. Cela peut faire souffrir Fiat Chrysler en terme de ventes, y compris pour Jeep. Une fois qu'un client connait des problèmes de qualité, il ne revient souvent jamais", souligne Michelle Krebs, analyste chez Autotrader.

La concurrence n'est aussi pas en reste. Honda vient d'augmenter la production de l'Acura MDX, qui vient chasser sur les terres du Grand Cherokee, dans une de ses usines dans l'Etat de l'Ohio.

"Il faut se souvenir que Jeep est la marque historique en terme de véhicules tout-terrain et exploite ce filon depuis longtemps alors que les concurrents arrivent avec de nouveaux modèles. Il est plus facile pour eux de faire croître leurs ventes alors que Jeep ne peut en fait que se tasser", indique Karl Brauer, du site automobile spécialisé Kelley Blue Book.

John Murphy, un analyste chez Bank of America Merrill Lynch, rappelle également que la concurrence est de plus en plus forte sur le segment des SUV (4x4 de ville) avec l'arrivée en force des constructeurs allemands Volkswagen AG, BMW, Audi et Mercedes-benz. VW vient ainsi de lancer aux Etats-Unis son modèle Atlas, fabriqué dans son usine de Chattanooga (Tennessee, sud).

Sur le marché mondial, Mike Manley, responsable de Jeep, avait indiqué plus tôt dans l'année qu'il s'attendait à une hausse "modeste" des ventes avec notamment son implantation sur des nouveaux marchés en Asie.

En Chine, les ventes ont bondi de 131% en 2016 et devraient continuer à progresser avec plusieurs modèles disponibles et une capacité de production de 350.000 véhicules.

Jeep vient aussi de commencer en juin à construire des voitures en Inde, notamment le modèle Compass à conduite à droite, fabriqué sur le site de Ranjangaon (ouest).

"Nous avons vendu près d'un million de voitures dans l'Aléna l'an dernier", a souligné Mike Manley, faisant référence à la zone de libre-échange qui réunit les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Mais dans l'attente du renouvellement de la gamme, c'est surtout sur le reste du monde que Jeep devra compter pour faire gonfler ses ventes.

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