Intel rachète Mobileye: Israël capitale du high tech auto?

L'acquisition par le géant américain Intel de la société israélienne Mobileye pour plus de 15 milliards de dollars (environ 14 milliards d'euros) devrait donner un coup de pouce au secteur de la high-tech déjà développé en Israël.

Lundi, le géant des puces électroniques a annoncé le rachat de Mobileye, société israélienne spécialisée dans les systèmes anti-collisions. Le montant de la transaction a été présenté comme un record pour le rachat d'une société israélienne de haute technologie par un partenaire étranger.

L'intérêt des géants de la haute-technologie, notamment américains, pour les petites entreprises israéliennes innovantes ne se dément pas.

Google a acheté Waze, une application de navigation routière en temps réel pour les téléphones mobiles pour plus d'un milliard de dollars en 2013 et a aussi acheté d'autres start-up israéliennes de plus petite taille.

Mobileye revendique la place de leader des systèmes anti-collisions grâce à ses algorithmes capables d'interpréter les informations fournies par une caméra. Elle a déjà collaboré avec Intel et BMW.

La société est surtout connue des automobilistes pour son système qui émet des bips lorsque leur voiture s'approche trop près d'un autre véhicule, d'un piéton ou d'un deux-roues ou franchit par inadvertance une ligne sur les routes à plusieurs voies.

Créée en 1999, Mobileye est spécialisée dans la vision artificielle appliquée à l'automobile. La société a conclu de nombreux accords avec des constructeurs, dont un partenariat stratégique sur le traitement d'image en temps réel avec Volkswagen.

Mais Yossi Vardi --considéré comme le père des startup high-tech en Israël-- explique que la croissance de l'industrie automobile en Israël a réellement commencé en 2007 quand General Motors y a établi un centre de recherches et de développement.

"Cela avait surpris tout le monde qu'une société comme General Motors vienne en Israël pour l'innovation et la technologie".

Les trois dernières années, a-t-il dit, Honda, Ford, Volkswagen, Volvo et d'autres ont fait de même.

La plupart des sociétés israéliennes du secteur (dont Otonomo, Argus et VocalZoom) ne sont pas impliquées dans la production de voitures mais dans les technologies à même de rendre la conduite plus efficace.

Elan Zivotofsky, associé commandité d'OurCrowd --plateforme israélienne spécialisée dans l'equity crowdfunding qui investit dans plusieurs entreprises travaillant sur les technologies pour les voitures autonomes-- compare le secteur à celui des téléphones mobiles, portables et autres où la technologie israélienne est très utilisée mais où les produits finis sont encore fabriqués à l'étranger.

"Israël n'est pas dans le business de la construction automobile", a-t-il souligné. "Israël est dans le business de la construction des éléments les plus importants pour la conduite de voitures autonomes".

 

'Les portes vont s'ouvrir'

"Quand vous conduisez une voiture vous ne pouvez pas arrêter le véhicule et attendre 15 minutes pour que l'ordinateur traite (l'information). Il faut que ce soit immédiat", a indiqué M. Vardi.

"Vous trouvez ce genre de technologie dans (l'industrie) militaire, aéronautique, etc...".

L'impact du rachat de Mobileye pourrait être important, affirme Yaniv Feldman, rédacteur en chef du blog israélien Geektime tech.

Des dizaines de sociétés sont présentes dans ce secteur et M. Feldman estime qu'Israël fait déjà partie de ses acteurs majeurs, derrière les Etats-Unis et la Chine.

En 2016, près de 70 millions de dollars ont été investis dans la technologie automobile en Israël, souligne M. Feldman, affirmant que ce chiffre devrait encore s'accroître "de 25 à 40%".

Selon lui, l'intérêt des investisseurs pour ce secteur va grandir.

Aquarius Engines, une société israélienne qui affirme avoir développé un moteur à combustion amélioré, cherche actuellement un financement de 10 millions de dollars.

Son PDG Gal Fridman dit avoir déjà remarqué un changement depuis le rachat de Mobileye.

"Depuis, notre téléphone ne cesse de sonner," a-t-il dit à l'AFP.

"Avant, quand je disais (aux compagnies automobiles) que j'étais un Israélien développant des moteurs, c'était un peu bizarre car le pays n'était pas réputé pour son industrie automobile", dit-il.

"Maintenant, avec Waze et Mobileye nous avons plus de crédibilité je crois et les portes vont s'ouvrir plus facilement."

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