GM&S: reprise des discussions avec Bercy

Les discussions entre les syndicats et le ministère de l'Economie autour du sort de l'équipementier automobile GM&S, menacé de liquidation, ont repris mercredi après-midi sur fond de désaccord avec le repreneur potentiel sur les indemnités de licenciement.

GMD, un emboutisseur stéphanois, propose de reprendre le site de l'équipementier à La Souterraine (Creuse), et de garder 120 de ses 277 salariés, mais les syndicats l'accusent de refuser toute indemnité de licenciement à un montant supérieur à celui fixé par la loi.

Mercredi, une première rencontre a eu lieu à 14H00 à Bercy entre le président de GMD, des représentants de PSA et Renault et le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie Benjamin Griveaux. Ensuite, le secrétaire d'Etat s'est rendu dans un hôtel du 15e arrondissement afin de rencontrer les délégués syndicaux à partir de 17H00.

"J'ai reçu les constructeurs et le repreneur potentiel à Bercy en début d'après-midi pendant deux heures. Nous travaillons. Vous me permettrez de réserver la primeur aux représentants des salariés et non à la presse", a dit M. Griveaux à la presse, à son arrivée à l'entrevue avec les syndicats.

Le secrétaire d'Etat est ressorti de l'hôtel vers 19H00, pour retourner à Bercy "retravailler avec (ses) services sur la finalisation de l'offre de reprise avec les constructeurs et le repreneur", en prévoyant "d'avoir à nouveau un échange avec les salariés" ultérieurement.

De son côté, Patrick Brun, délégué CGT s'est montré surpris du cadre choisi pour les nouvelles discussions. "Nous avions rendez-vous à 16h à Bercy et nous avons été prévenus ensuite que la réunion se passerait dans un hôtel. Ce sont des changements qui ne servent à rien. C'est de la gaminerie", a-t-il dit.

En marge du lancement des soldes dans un grand magasin, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait demandé tôt dans la matinée au "repreneur de prendre ses responsabilités".

"L'objectif est de lever les conditions suspensives émises par le repreneur" pour qu'il puisse déposer une offre ferme avant vendredi devant le tribunal de commerce de Poitiers, avait-il dit, avant d'ajouter: "je ne serai soulagé que le jour où il y aura une offre de reprise en bonne et due forme déposée par le repreneur".

Une réunion de crise rassemblant les syndicats CGT, FO ainsi que Peugeot SA et Renault et M. Griveaux et M. Le Maire, avait débouché tard mardi sur l'annonce d'un investissement de 10 millions d'euros pour moderniser le site par les constructeurs Renault et PSA, les principaux clients de GM&S, "une avancée positive et majeure", selon M. Le Maire.

 

Accusations de chantage

En plus de cet investissement, les deux constructeurs ont confirmé leur engagement de commandes annuelles de respectivement 12 millions et 10 millions d'euros à GM&S.

Après ces annonces, c'est GMD, seul groupe à se montrer intéressé par GM&S, qui s'est retrouvé en première ligne, la CGT l'accusant de "chantage" en attendant toujours le dépôt d'une offre tangible.

Le syndicat a dit s'être trouvé "face à un mur", jugeant "inadmissible et indigne" que GMD refuse d'indemniser les futurs licenciés au-dessus du montant fixé par la loi, alors qu'il compte garder moins de la moitié des employés de GM&S.

GM&S, deuxième employeur privé de la Creuse, a déjà passé six mois en redressement judiciaire, son troisième en huit ans. Tant qu'il ne fait pas l'objet d'une offre concrète, il risque la liquidation judiciaire.

Dans ce contexte, la situation restait tendue mercredi sur le site de la Souterraine, occupé par les salariés, où ont été allumés mardi des feux de pneus et de palettes, des ouvriers prenant toutefois garde d'éviter leur propagation.

"Il ne faut pas confondre la détermination à défendre son emploi, ce que je comprends parfaitement, et la violence", a, à ce titre, mis en garde M. Le Maire.

"La violence conduira à faire fuir le repreneur, à éloigner Renault et PSA, à empêcher de garantir la pérennité du site", a insisté le ministre.

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