Ford fait mieux que prévu, silence sur les suppressions d'emplois

Ford a annoncé mercredi des résultats trimestriels meilleurs que prévu et maintenu son objectif financier annuel, mais n'a pas donné d'informations sur les suppressions d'emplois prévues dans sa vaste restructuration en cours devant se traduire par une charge de 11 milliards de dollars.

Le deuxième constructeur automobile américain a dégagé au troisième trimestre un bénéfice net de 991 millions de dollars, en baisse de 37% sur un an, mais rapporté par action et hors éléments exceptionnels, le bénéfice est de 29 cents, contre 28 cents attendus en moyenne par les analystes financiers.

Ce plongeon du bénéfice net est dû à une hausse des prix des matières premières, acier et aluminium, et à un coup de mou des ventes en Chine où son portefeuille est composé essentiellement de modèles vieillissants. Les ventes chinoises ont chuté de 43% sur la période, tandis que la perte y est de 378 millions de dollars.

Le chiffre d'affaires trimestriel a augmenté de 3,3% à 37,6 milliards de dollars, grâce aux ventes de grosses voitures aux Etats-Unis, région qui représente tous les profits du groupe malgré le plafonnement des ventes après des années record.

Le titre bondissait de 6,36% vers 21H25 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance à Wall Street, les investisseurs semblant soulagés que Ford ait maintenu son objectif de bénéfice pour 2018.

Comptant sur les ventes du pickup F-150 et de ses SUV, le groupe de Dearborn (Michigan, nord) table toujours en effet sur un bénéfice par action compris entre 1,30 et 1,50 dollar, en dépit d'un surcoût d'un milliard de dollars lié aux taxes punitives de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium.

Ces taxes douanières de l'administration Trump sur l'acier et l'aluminium importés ont entraîné une flambée des prix de ces deux matériaux comptant pour plus de la moitié des composants d'une voiture.

Elles ont rogné de 600 millions de dollars les bénéfices depuis le début de l'année, tandis que l'importation de véhicules de et vers la Chine a coûté 200 millions.

 

"Détérioration" en Europe

"Espérons que ces taxes vont être supprimées et que nous retournerons à des prix normaux", a déclaré mercredi le directeur financier Bob Shanks, saluant la conclusion d'un accord de libre-échange par les Etats-Unis, le Mexique et le Canada fin septembre.

Ford a par ailleurs averti qu'une "détérioration inattendue" cette année en Europe et en Chine ajoutée à des "coûts élevés et des incertitudes entourant le secteur" automobile allaient contrecarrer ses ambitions à l'horizon 2020.

L'Europe a essuyé une nouvelle perte de 245 millions lors du troisième trimestre, due principalement à la Turquie et la Russie, a indiqué Ford.

La marque à l'ovale bleu n'a pas donné de détails sur sa vaste restructuration, alors que des syndicats européens redoutent des coupes drastiques dans les effectifs et des fermetures d'usines. En France, le gouvernement est en désaccord avec la décision du groupe de fermer une usine de fabrication de boîtes de vitesse dans le sud-ouest.

Ce plan comprend des suppressions d'emplois non encore estimées, l'arrêt de la production de voitures compactes en Amérique du Nord, région dominée par les grosses voitures, et la réallocation de liquidités vers les segments rentables.

Il devrait se traduire par une charge de 11 milliards de dollars dans ses comptes dans les trois à cinq prochaines années, a averti le groupe, qui espère pouvoir dissiper les doutes des milieux financiers sur son avenir dans un secteur automobile bousculé par les technologies autonomes et électriques.

Le PDG Jim Hackett a promis mercredi de faire un point "dès que nous pouvons" sur les économies générées, les mesures prévues et l'avenir des partenariats stratégiques notamment celui avec le groupe indien Mahindra.

"Le trimestre dernier a montré que notre activité demeurait solide (...). Nous continuons à faire des efforts pour rendre Ford plus compétitif", a déclaré M. Hackett.

Ford a néanmoins annoncé créer une entité indépendante en Chine, premier marché automobile mondial, qui sera dirigée par un nouveau patron dans l'espoir de relancer les ventes.

Contrairement à ses rivaux, le constructeur a tardé à investir dans le marché chinois et est à la traîne dans le développement des véhicules électriques et autonomes.

Le rival General Motors (GM) commercialise déjà une berline 100% électrique abordable et a levé récemment 2,25 milliards de dollars auprès du groupe japonais Softbank pour accélérer le développement de Cruise, sa filiale de véhicules et technologies autonomes.

lo/iba

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