FFC: élaboration d'un contrat de filière clair

Le CSF automobile (Comité stratégique de filière), présidé par Luc CHATEL, également président de la PFA - Filière Automobile et mobilités, a élaboré un plan d’actions portant sur un nombre limité de projets structurants à forts enjeux, et propose à l’État sous la forme d’un Contrat de Filière, un ensemble d’engagements réciproques visant à accompagner leur réalisation.

Ces travaux ainsi que les engagements de l’État s’appuient notamment sur le travail initié par les assises nationales de la mobilité et le projet de loi d’orientation des mobilités.

Mondialisée, exposée à une concurrence très forte, confrontée à des attentes sociétales et environnementales puissantes et irréversibles, la filière automobile(amont et aval) est l'une des rares au sein de l'industrie française à être parvenue à préserver une véritable dimension internationale, tout en restant ancrée dans les territoires. Si les indicateurs sont, pour l'heure, repassés au vert, des difficultés subsistent, avec un tissu de fournisseurs manquant encore de robustesse et souffrant d’un déficit de compétitivité, et la fragilisation de certains sites de production ou des services par la chute des ventes de véhicules diésel.

De façon plus fondamentale, la filière est confrontée à trois disruptions majeures. Une disruption technologique, liée notamment à l’agenda environnemental, avec le moteur électrique et l’évolution du mix énergétique qui vont profondément impacter l’ensemble de la filière. Mais également une disruption numérique avec le véhicule connecté, intelligent, autonome et l’émergence de sujets aussi complexes que la protection des données détenues par un véhicule. Et enfin une disruption sociétale, avec de nouvelles offres de mobilité et une profonde évolution du rapport à la voiture.
A ce titre, le CSF a présenté le 22 mai dernier son plan d'actions, sous la forme d'un Contrat de Filière, comportant plusieurs projets structurants. 

Être acteur de la transition énergétique et écologique
La réussite de la transition énergétique portée par le Gouvernement au travers du respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et du Plan Climat nécessite de combiner plusieurs actions tenant compte de la diversité des usages. Les trois grands défis à relever s’articulent autour de la réduction des émissions de CO2, de la réduction des émissions polluantes et de l’économie circulaire. Les principaux engagements de l’Etat et de la filière sur le sujet sont clairs. 
Les constructeurs développeront leur offre de véhicules électrifiés (véhicule électriques et hybrides rechargeables) et veilleront à l’attractivité de cette offre. L'État maintiendra un bonus pour les véhicules électriques au moins jusqu’en 2022, et donnera une visibilité pluriannuelle sur l’enveloppe du bonus-malus dans le cadre de la discussion de la loi de finances. Des réflexions seront menées sur la possibilité de promouvoir également le développement des véhicules hybrides rechargeables. L’Etat assurera un cadre juridique et financier favorable à l’installation de bornes de recharge (droit à la prise et au pré-équipement des parkings). Un soutien financier au déploiement des bornes sera mis en œuvre : il se traduira notamment par une plus grande prise en charge des coûts de raccordements des bornes jusque fin 2021, financée par le réseau électrique. La filière automobile contribuera à promouvoir les expérimentations de véhicules à hydrogène qui se déroulent sur certains territoires et le déploiement des infrastructures.

Dans le domaine du développement de technologies permettant de réduire les émissions de CO2 du parc automobile à l’horizon 2030, les constructeurs proposeront des solutions, à un coût abordable et compétitif, permettant de garantir une mobilité durable sur l’ensemble de leur gamme, en contribuant à l’amélioration de la qualité de l’air et à l’ambition d’abaissement des émissions de polluants.  

Créer l’écosystème du véhicule autonome et expérimenter à grande échelle, pour offrir de nouveaux services de mobilité
Pour répondre à la progression des besoins de mobilité des citoyens, tout en visant des transports à faible empreinte environnementale et toujours plus sûrs, il est nécessaire de développer une nouvelle offre de mobilité basée sur le véhicule connecté, autonome et partagé. Les enjeux portent sur l’évaluation des usages, de la sécurité, des modèles économiques et de l’acceptabilité sur différents territoires et pour différents types d’usage (individuel, collectif, logistique, industriel). Cet objectif s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale pour le développement des véhicules autonomes présentée le 14 mai dernier.

Pour y parvenir, les constructeurs et équipementiers français s’engagent à lancer des projets de recherche collaborative et à s’investir dans les travaux normatifs nécessaires au développement du véhicule autonome tout en contribuant à la disponibilité en France des moyens et méthodes d’essai et de validation pour ce type de véhicules. La FFC s'est inscrite dans cette démarceh depuis plus d'un an, notamment à la faveur de sa prise de participation dans le projet TRANSPOLIS, une ville laboratoire en banlieue lyonnaise, destinée à l'expérimentation in situ de toutes les technologies touchant à l'écosystème du véhicule autonome. L’État lancera en juin un appel à projets, doté de 40 M€, visant à soutenir un programme d’expérimentations de véhicules autonomes représentant plus de 200 M€ d’investissements. Les principaux acteurs (constructeurs, opérateurs de transport et de mobilité, équipementiers…) s’engagent à partager une méthodologie d’expérimentation et d’évaluation commune, ainsi qu’à mettre en commun les données non compétitives collectées dans ce cadre.  L’État complétera le cadre juridique relatif aux expérimentations et au déploiement de véhicules à délégation partielle et totale de conduite.

Anticiper l’évolution des besoins en compétence et emplois
L’Observatoire de la Métallurgie a mené en 2016 avec la filière une étude prospective détaillée des mutations de la construction automobile et de ses effets sur l’emploi et les besoins de compétence. Elle permet d’identifier de nouveaux besoins ou des besoins en hausse de compétences-clés (Big data, IA, électricité de puissance, conducteurs de ligne de fabrication…), et, à l’inverse, des profils de poste en déclin. Il convient donc d’initier dès à présent de nouvelles actions, en complémentarité du programme "Attractivité, Compétence, Emploi" (ACE) en cours, en ayant en tête plusieurs échelles de temps et de territoire.

De la même façon, l’observatoire de l’Association Nationale pour la Formation Automobile (ANFA) a conduit une étude « Prospective 2022 » pour l’aval de la filière, qui a identifié les évolutions des besoins et perspectives de recrutements pour les services. De son côté, pour poursuivre dans cette démarche, la FFC lance actuellement la Fondation FFC, destinée à accompagner la filière dans sa pérennisation. 
Pour leur part, les pouvoirs publics s’engagent à poursuivre la politique de déploiement des campus des métiers et qualifications avec les Régions et les rectorats, pour accompagner les filières pour un lien étroit du monde académique et des entreprises.
Afin d’accompagner les entreprises et leurs salariés pour anticiper les mutations industrielles, une feuille de route partagée sera élaborée par la filière avec les partenaires sociaux et le ministère du Travail, en mobilisant si nécessaire de nouveaux outils (engagements de développement de l’emploi et des compétences, plan d’investissement compétences).
Dans un contexte de réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage qui permettra dès sa conclusion de mieux formaliser les engagements réciproques des parties, la filière développera le recours à l’apprentissage et à l’alternance, avec l’ambition d’accroître d’au moins 50% d’ici fin 2022 le nombre d’apprentis ou de formation en alternance pour les salariés en reconversion (bac pro, BTS, ingénieurs) compte tenu de l’évolution des besoins en compétence.

Renforcer la compétitivité de la filière automobile
Dix ans après la crise de 2008-2009, l’industrie automobile est de retour, conquérante, avec notamment plusieurs grandes entreprises françaises leaders mondiaux dans leur domaine. Mais une partie de la filière souffre toujours d’un manque de compétitivité, qui s’est traduit par une dégradation régulière de la balance commerciale et par une situation qui demeure assez fragile pour de nombreuses PME insuffisamment développées et diversifiées. Les entreprises des services ont, pour leur part, une transformation de leurs modèles économiques à mener au cours des prochaines années, dont la réussite constituera un facteur déterminant de compétitivité. Faire de la transition écologique, digitale et sociétale de la filière automobile une opportunité pour nos entreprises et notre pays, tel est l’enjeu des années à venir, en s’appuyant sur leur maitrise des technologies clés et les compétences de ses salariés.
Ainsi, un "Accélérateur PME" pour la filière automobile sera lancé par Bpifrance avec le soutien financier et technique de la filière. Il visera à accélérer trois promotions de 50 à 60 PME, soit 150 à 180 entreprises, pour les aider à devenir des ETI présentes à l’international.
Les acteurs de la filière lanceront une initiative visant à accompagner les entreprises dans l’amélioration de leur performance industrielle et de service (usine 4.0 de garage du futur, robotisation, lean management, …).
Le Fonds Avenir Automobile sera prolongé de 4 ans avec une capacité d’investissement de 135 M€ apportée par l’État et les deux constructeurs automobiles, afin de soutenir des entreprises rentables dans leurs projets de développement, pouvant porter sur l’international, la croissance externe ou la diversification.
L’ensemble de ces actions contribueront à renforcer la compétitivité du tissu de sous-traitants et à conforter leur positionnement.