Faurecia: bénéfice doublé mais prudence pour 2016

L'équipementier français Faurecia a annoncé jeudi avoir tiré parti de la reprise de la production automobile en Europe en 2015, multipliant par deux son bénéfice net à 370 millions d'euros, mais sa prudence pour 2016 a déçu les investisseurs.

Faurecia, détenu à près de 50% par PSA Peugeot Citroën, a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires mondial en hausse de 9,9% à 20,69 milliards d'euros, grâce au dynamisme de ses ventes sur le Vieux continent et à un fort effet de change qui a dopé l'activité en Amérique du Nord et permis de compenser un léger recul commercial en Chine, a-t-il précisé dans un communiqué.

La progression du chiffre d'affaires à données comparables est de 5,2% sur l'année.

Faurecia, qui fabrique notamment des sièges, des tableaux de bord et revendique 25% du marché mondial des systèmes de dépollution des moteurs, a aussi indiqué avoir amélioré sa rentabilité, avec une marge opérationnelle de 4,4% à 913 millions d'euros (+35%).

La société, qui s'est félicité d'avoir largement atteint son objectif de flux de trésorerie (cash flow) net, à 303 millions d'euros, a de nouveau réduit son endettement net, passé à 963 millions d'euros fin 2015 contre 1,39 milliard fin 2014.

Faurecia, dont la principale activité est la livraison de pièces et composants aux constructeurs, a bénéficié à plein de la reprise de la production automobile en Europe, son premier marché où ses ventes ont crû de 8,7% à 8,56 milliards d'euros.

En Amérique du nord, la progression des ventes de produits a quasiment été deux fois plus forte que celle de la production automobile: +5,2% à taux de change et périmètre constants. La baisse de l'euro par rapport au dollar a de surcroît permis à Faurecia de doper ses ventes de 20,7 points de pourcentage et d'atteindre un chiffre d'affaires de 4,4 milliards d'euros.

 

Accueil maussade de la Bourse

Même phénomène en Asie où les ventes de produits ont crû de 16,9% à 2,37 milliards d'euros, en quasi-totalité grâce aux changes. En données comparables, la progression n'est en effet que de 0,3%, un décrochage par rapport à la hausse de la production automobile qui a été de 2%.

Au sein de la région Asie, en Chine, premier marché automobile mondial, Faurecia a enregistré une chute de 1,8% de ses ventes à change et périmètre constants alors que la production automobile dans le pays a progressé de 4,9%. La faiblesse de l'euro a toutefois permis d'obtenir une hausse des ventes de 15,3% à 1,95 milliard d'euros.

Le groupe est en revanche dans le rouge en Amérique du sud, en plein marasme économique, avec des pertes de 54 millions d'euros.

Faurecia a annoncé fin 2015 la cession de son activité pare-chocs à un autre équipementier français, Plastic Omnium, une opération sur la base d'une valeur d'entreprise de 665 millions d'euros qui devrait être finalisée cette année et permettre un nouveau désendettement.

Dans ce contexte de réduction attendue de périmètre, l'entreprise a dit viser pour 2016 une croissance "comprise entre 1% et 3%" de son activité sur une base de 18,77 milliards d'euros, le montant des ventes de 2015 qui subsisteront une fois la transaction bouclée.

"Nous avons adopté une approche prudente à l'heure actuelle", a reconnu le PDG de Faurecia, Yann Delabrière, lors d'une conférence avec des analystes financiers à Paris, évoquant en particulier "la très grande prudence qui semble émerger des marchés financiers au sujet de l'économie mondiale".

Les investisseurs ont mal accueilli ce ralentissement prévu de la croissance, le cours du titre à la Bourse de Paris chutant de 6,5% à la clôture ans un marché très baissier (-4,05%).

L'entreprise, qui versera un dividende de 65 centimes par action (+86%), a pourtant prévu une nouvelle hausse de sa rentabilité cette année avec une marge opérationnelle comprise entre 4,6% et 5% et le maintien du flux de trésorerie net à "environ 300 millions d'euros".

M. Delabrière s'est dit persuadé que le futur resserrement des normes d'émissions polluantes en Europe et aux Etats-Unis, mises en lumière par le scandale Volkswagen, recelait "de nombreuses opportunités pour nous à l'avenir", que ce soit des systèmes de dépollution plus sophistiqués ou des matériaux allégés.

tq/gib

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