F. de Rugy: "pas de tout électrique à court terme"

Le ministre de la Transition écologique François de Rugy a estimé jeudi que la transition vers les motorisations purement électriques dans l'automobile prendrait du temps et ne pouvait s'envisager que "sur le long terme".

"Sur le long terme, (...) à l'horizon 2040, nous pensons que la mobilité individuelle sera électrique (...) si on veut atteindre zéro émission" de CO2, a déclaré le ministre, en inaugurant un centre d'essai de véhicules électriques sur la Place de la Concorde à Paris.

"A court terme, si on prend les cinq ans qui viennent on sait bien qu'on ne peut pas basculer vers le tout électrique, ça n'aurait aucun sens. Cela poserait des problèmes de prix, de raccordement. Il faut agir avec beaucoup de volontarisme pour régler ces problèmes", a ajouté M. de Rugy.

Extension hors les murs du Mondial de l'Auto, le centre d'essai temporaire permet aux personnes intéressées de réaliser gratuitement un essai de véhicule électrique dans Paris. Jusqu'au 14 octobre, 33 véhicules de 11 constructeurs sont ainsi proposés.

"Je suis propriétaire de voiture (...), j'aime bien essayer et tester les nouvelles solutions", a confié le ministre, expliquant avoir acquis "il y a trois ans et demi" une hybride rechargeable d'un constructeur étranger faute d'offre française.

Il a souligné la nécessité d'une contrainte politique. "S'il n'y a pas de décision politique, l'industrie ne se transformera pas, ou pas aussi vite (...). Les normes d'émissions de CO2 négociées à l'échelle européenne font partie d'un contexte favorable à l'innovation", a-t-il déclaré, tout en reconnaissant qu'elles devaient être "réalistes dans le temps et économiquement".

Le Parlement européen a voté mercredi une résolution fixant un objectif de réduction des émissions de CO2 de 40% d'ici 2030 pour les véhicules légers neufs.

Le PDG de Renault Carlos Ghosn avait estimé mardi au Mondial de l'Auto que la production de voitures électriques restait limitée à court terme. "Nous sommes déjà dans une situation où nous ne pouvons pas fournir la demande", a-t-il affirmé.

"Nous avons toutes les capacités pour assembler ces voitures, sauf que nous n'avons pas assez de batteries". "Aujourd'hui les ventes sont limitées par l'offre, pas par la demande", a poursuivi M. Ghosn, estimant que cela allait durer "un certain temps", car la hausse de production nécessiterait "des milliards d'investissements" chez les fournisseurs pour augmenter leurs capacités de production.

D'ici à 2022, Renault, leader français de la voiture électrique, a prévu que les capacités de production de son modèle vedette, la Zoe, passeraient de 60.000 unités par an en 2018 à environ 120.000. L'an dernier, les capacités se limitaient à 40.000 unités annuelles pour près de 3,8 millions de véhicules vendus par le groupe dans le monde.

aro/pid/LyS

© 2018AFP