Europcar cherche à restructurer sa dette

Le loueur de voitures en difficulté Europcar, victime de la chute du tourisme provoquée par la crise sanitaire, a annoncé lundi vouloir discuter avec ses créanciers d'une restructuration de sa dette.

Le groupe a déclaré "son intention d'engager des discussions en vue de procéder à une restructuration financière", dans un communiqué.

En manque de liquidités, Europcar avait annoncé début mai "un plan d'économie drastique" chiffré à 850 millions d'euros, après avoir finalisé son sauvetage par des banques via un plan de financement de plus de 300 millions d'euros, dont un prêt de 220 millions garanti à 90% par l'Etat français.

L'épidémie de Covid-19 a lourdement affecté le tourisme en général et les loueurs de voitures en particulier. Ces derniers ont notamment subi en Europe l'absence des touristes américains et asiatiques qui viennent par avion et recourent souvent aux services de location de véhicules.

"Les niveaux d'activité des secteurs du voyage et des loisirs durant l'été montrent que le retour à des niveaux pré-Covid sera très lent", a souligné lundi soir Europcar, qui avait quadruplé sa perte nette au premier semestre à 286 millions d'euros. "Alors que le coronavirus continue à circuler partout dans le monde, le calendrier d'une vraie reprise demeure extrêmement incertain."

Fin mai, le loueur de voitures américain Hertz, plus que centenaire, s'était placé sous le régime américain des faillites, lui aussi victime de la pandémie.

Europcar souhaite pour sa part engager une procédure amiable afin de réduire sa "dette corporate", c'est-à-dire la dette de l'entreprise détenue par des banques et fonds d'investissements. La procédure ne concerne pas en revanche la dette liée à l'achat de véhicules auprès des constructeurs.

 

Besoins de liquidité

Lors de la présentation de ses résultats semestriels fin juillet, la société, par ailleurs engagée dans un vaste programme de réorganisation, avait annoncé évaluer "toutes les alternatives à court et long terme pour répondre à (ses) besoins de liquidités et être en mesure de disposer des ressources financières suffisantes pour adapter le groupe au nouvel environnement".

Au 30 juin, la "dette corporate" d'Europcar s'élevait à 1,251 milliard d'euros pour des fonds propres de seulement 537 millions d'euros.

"L'objectif du groupe est de parvenir à une structure capitalistique soutenable, adaptée à son niveau de chiffre d'affaires, avec un endettement corporate réduit et un niveau de liquidité approprié", a déclaré lundi le loueur. "Les marchés financiers seront informés en temps utile de l'issue de ces discussions, dont la durée n'est actuellement pas déterminée", a-t-il précisé.

En juin, des sources proches du dossier avaient fait état d'un intérêt de Volkswagen pour un rachat d'Europcar.

Entre le constructeur automobile allemand et Eurazeo, l'actionnaire principal d'Europcar, "il y a des discussions sur un deal", avait déclaré à l'AFP une de ces sources. Mais aucune annonce n'a été faite depuis, tandis que Volkswagen, Eurazeo et Europcar n'ont jamais commenté l'information.

Eurazeo avait en tout cas annoncé le 14 novembre étudier la cession de tout ou partie de ses 29,9% dans le groupe, acquis en 2006 justement auprès de Volkswagen.

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