Épaves roulantes: le procès a débuté

Ils sont soupçonnés d'avoir appartenu à un réseau ayant mis en circulation des centaines d'épaves roulantes: une trentaine de professionnels de l'automobile, dont un expert, sont jugés à partir de lundi devant le tribunal correctionnel d'Evry (Essonne). Ces hommes âgés de 29 à 65 ans, tous inconnus de la justice, sont¨poursuivis pour mise en danger de la vie d'autrui, association de malfaiteurs, escroquerie en bande organisée et blanchiment d'argent.

Ils encourent des peines de prison ferme ainsi que d'importantes amendes.

Tout commence en juin 2016 avec la plainte d'un automobiliste qui soupçonne son garagiste de remettre en circulation des véhicules endommagés. Les premiers éléments de l'enquête démontrent que les véhicules provenant de ce garage ont bien été réparés de façon sommaire avec des pièces de sécurité non changées, d'occasion ou volées.

Rapidement, les enquêteurs se tournent vers l'expert qui a autorisé la mise en circulation de ces véhicules. En garde à vue, cet homme de 34 ans admet "fonctionner à la confiance" et ne pas avoir de justificatifs, factures, concernant les véhicules qu'il a mis en circulation.

Une enquête est alors ouverte par le parquet d'Evry pour faux et usage de faux, escroquerie et mise en danger de la vie d'autrui.

Au total, entre 2014 et 2016, plus de 1.000 véhicules ont été remis en circulation. Rien que dans les six premiers mois de 2016, l'expert a écrit plus de 500 rapports quand le taux moyen annuel d'un expert automobile tourne autour des 200, selon les enquêteurs.

Le système reposait également sur des "garagistes véreux" qui étaient chargés de rafistoler des véhicules endommagés pour ensuite les revendre. L'expert est poursuivi pour être intervenu dans un second temps, en validant les réparations.

Du côté des victimes, 107 d'entre elles ont déposé plainte, pour un préjudice estimé à près d'un million d'euros selon l'enquête.

Le procès doit durer jusqu'au 9 septembre.

Plusieurs affaires similaires d'escroquerie à l'épave roulante ont secoué la filière ces dernières années en région parisienne, mettant en lumière les failles du marché de l'occasion.

En décembre 2016, un expert de la région parisienne avait été condamné pour homicide involontaire à quatre ans de prison dont deux ferme. Une Clio qu'il avait remise en circulation avait causé la mort d'un jeune homme de 22 ans en Essonne.

© 2019AFP