Cristiano Amon nouveau dirigeant de Qualcomm

Qualcomm, le spécialiste américain des technologies mobiles et des processeurs pour smartphones, veut tirer profit de la révolution de la voiture autonome et de l'industrie 4.0, selon son nouveau dirigeant Cristiano Amon qui prendra ses fonctions en juillet, interrogé lors du sommet "Choose France" à Versailles.

Q: Vous sortez d'un rendez-vous avec Emmanuel Macron. De quelles manières Qualcomm peut-il investir en France ?

R: "Nous voulons être un partenaire technologique pour la France et pour l'Europe. Nous avons ouvert cette année un nouveau centre de recherche à Lannion (Côtes-d'Armor) dans le but de collaborer avec des entreprises françaises. Nous observons déjà l'intérêt de nombreuses startups, comme de partenaires actuels. C'est le coeur du modèle d'activité de Qualcomm. Nous créons une plateforme avec laquelle les entreprises peuvent innover.

L'un des exemples en France et en Europe, c'est l'automobile. Nous travaillons avec Renault et Stellantis pour connecter les voitures au cloud via la 5G. Nous fournissons les processeurs intelligents pour les tableaux de bord numériques et pour le châssis numérique de la voiture, car celle-ci devient un ordinateur sur roues.

L'industrie est un autre exemple. Avec la 5G, vous recréez des usines parce que vous pouvez gérer grâce au +cloud+ de multiples sites et des robots. Vous pouvez donc disposer d'une fabrication flexible pour gérer plusieurs produits.

La technologie de Qualcomm peut être un catalyseur très important pour conduire cette transformation vers l'usine intelligente, l'industrie 4.0".

Q: Quelles leçons tirer de la crise des semiconducteurs, qui touche notamment le secteur automobile ?

R: "La crise de la chaîne d'approvisionnement montre l'importance des semiconducteurs pour le futur de l'économie. Cela dit, la bonne nouvelle c'est qu'à la fin de l'année, nous allons avoir une amélioration significative de cette chaîne, et nous allons commencer à voir un équilibre entre l'offre et la demande.

Il y a actuellement un large débat entre diversifier la chaîne d'approvisionnement d'une part et être autonomes dans la fabrication des semiconducteurs d'autre part. Pas seulement aux Etats-Unis qui ont été assez actifs sur le sujet, mais également en Europe. Pour une entreprise comme Qualcomm, qui est une des plus grandes industries sans usines au monde (fabless), et qui repose sur cette chaîne de fournisseurs, nous nous réjouissons de ces discussions.

Vu notre taille, nous travaillons avec toutes les entreprises de semiconducteurs. Pour des technologies avancées, nous travaillons à la fois avec TSMC (Taiwan) et avec Samsung (Corée-du-sud). Intel (Etats-Unis) a annoncé qu'il allait également fournir des prestations avancées de fonderie. C'est une bonne nouvelle de voir s'accroître le nombre d'entreprises qui investissent, c'est aussi important d'avoir une diversité géographique".

Q: Vous êtes opposés au rachat du britannique ARM (architecture de processeurs, filiale de Softbank) par l'américain Nvidia, une opération à 40 milliards de dollars qui doit recevoir le feu vert des autorités pour être finalisée en 2022. Pourquoi ces inquiétudes ?

R: "ARM a eu un succès phénoménal en tant qu'entreprise dont tout le monde licencie les technologies. ARM est la plateforme pour les processeurs de téléphones. Apple et Microsoft se tournent vers ARM pour leurs ordinateurs. C'est également la plateforme dominante pour l'industrie automobile, et le grand gagnant de l'internet des objets.

Nous avons du mal à voir comment le fait de lui enlever son statut d'entreprise indépendante et de n'avoir plus qu'une seule entreprise qui investisse au lieu de tout un écosystème puisse aller dans la bonne direction.

Et la réflexion ne doit pas porter uniquement sur le sujet des processeurs. Un des intérêts du rachat d'ARM est d'implanter une technologie particulière d'intelligence artificielle (IA) au coeur de son écosystème. A mesure que des milliards d'appareils faisant partie de l'écosystème ARM seront connectés, vous obtiendrez une IA distribuée, périphérique. Et nous aimerions avoir de la diversité dans cette nouvelle course à l'intelligence artificielle.

C'est pour cette raison que Qualcomm a exprimé des inquiétudes. Si ARM devait continuer en tant qu'entreprise indépendante, Qualcomm serait très heureux d'y investir, et nous ne serions pas les seuls".

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