Clairvoix : le pourvoi de Continental examiné mercredi

L'équipementier automobile Continental porte mercredi devant la Cour de cassation la fermeture de son usine de Clairoix, en 2010, dont il estime qu'elle était justifiée sur le plan économique, sans réussir jusqu'ici à en convaincre la justice.

La plus haute juridiction française avait été saisie en novembre 2014. Le fabricant de pneumatiques venait alors de subir un échec devant la cour d'appel d'Amiens à propos du licenciement de 683 salariés de cette usine de pneus située dans l'Oise.

Pour la justice, ces licenciements annoncés au printemps 2009 n'avaient "pas de justification économique". Continental avait dû s'acquitter du versement de 29 millions d'euros d'indemnités.

L'équipementier avait fermé son usine de Clairoix début 2010, après un dur conflit social au printemps 2009.

L'entreprise a toujours affirmé que la fermeture du site de production était inéluctable, à la suite de la crise financière de 2008, mais aussi en raison de mutations profondes du marché automobile à l'échelle internationale.

Annonçant le pourvoi en cassation, Continental avait indiqué qu'il était à l'époque "vital d'anticiper" le déplacement de la production automobile vers les pays émergents. En clair, qu'il fallait délocaliser pour préserver la compétitivité du géant allemand des équipements automobiles.

Ce pourvoi en cassation suscite l'incompréhension des ex-salariés du groupe, réunis au sein du "Comité de lutte des travailleurs de Clairoix".

"Les bénéfices (de la maison mère allemande) Continental AG crèvent tous les plafonds", atteignant plus d'un milliard d'euros au premier trimestre (bénéfice d'exploitation hors exceptionnel), "le patron du groupe gagne 7 millions d'euros par an, mais ils continuent à s'acharner contre les salariés", déclare Roland Szpirko, porte-parole de ce comité, indiquant que quelque 400 salariés de Clairoix sont toujours inscrits à Pôle Emploi.

"On ne comprendrait pas qu'il y ait un retournement" judiciaire, a-t-il dit à l'AFP.

"Ce qui intéresse l'entreprise n'est pas l'argent, c'est le combat idéologique, le message envoyé aux salariés pour qu'ils n'essaient même pas de combattre l'injustice", analyse pour sa part Me Marie-Laure Dufresne-Castets, l'avocate des ex-"Conti".

L'avocat de Continental n'a pas souhaité s'exprimer avant l'audience.

Le même type de bataille judiciaire avait eu lieu autour de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois. En décembre dernier le conseil des prud'hommes de Bobigny avait requalifié le licenciement économique de 101 salariés du site, intervenu en 2013, en "licenciement sans cause réelle et sérieuse".

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