Carlos Ghosn et le Liban: des jésuites aux placements financiers

Tycoon déchu de l'industrie automobile mondiale, l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan, au coeur d'une enquête au Japon sur des pratiques de corruption présumées, a procédé à plusieurs investissements au Liban durant les années 2000.

Né au Brésil en 1954, Carlos Ghosn, petit-fils d'immigré, a vécu à Beyrouth à partir de l'âge de six ans avant de poursuivre ses études universitaires à Paris.

Voici une liste de ses principaux placements et points d'ancrage au Liban.

 

Placements diversifiés

Carlos Ghosn est l'un des associés d'Ixsir, un domaine viticole fondé en 2008 qui produit près de 500.000 bouteilles par an. Il est propriétaire, par ailleurs, de quelques dizaines d'hectares exploités dans le cadre de cette production vinicole.

L'ancien patron de Renault-Nissan détient 4,6% du capital de la Banque Saradar. Les actifs et fonds propres de cette banque s'élevaient respectivement à 2,7 milliards et 235 millions de dollars fin septembre 2018, selon des chiffres cités par la Banque Audi.

Il est également actionnaire au sein de "CEDRAR", un projet immobilier visant à construire une soixantaine de chalets de luxe près de l'emblématique réserve des Cèdres, dans le nord du pays. En cours de construction par la société Conseil et Gestion Immobilière (CGI), affiliée à la banque Saradar, le projet devrait coûter une trentaine de millions de dollars.

Au palmarès des actifs de l'ancien magnat de l'automobile figurent également des parts dans d'autres projets immobiliers développés par CGI, dont il n'est toutefois pas actionnaire, selon une source anonyme.

Une propriété de luxe située à Beyrouth serait, par ailleurs, au coeur de l'enquête actuelle menée au Japon, d'après une source proche du dossier.

 

Célébrité discrète

Ancien du collège jésuite Notre Dame de Jamhour, l'ex-patron de l'alliance Renault-Nissan siège, par ailleurs, au Conseil stratégique de l'Université Saint-Joseph (USJ), fondée également par l'ordre jésuite en 1875.

En 2012, l'USJ a lancé une chaire et un master en management de la sécurité routière en partenariat avec la fondation Renault, inaugurant en parallèle l'"espace Carlos Ghosn" sur l'un de ses campus.

En 2003, M. Ghosn a reçu un doctorat honoris causa de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), fondée en 1866, avant de devenir membre de son conseil d'administration.

Largement connu et apprécié au Liban, M. Ghosn effectuait des voyages discrets, loin des feux de la rampe et de la vie mondaine. Son réseau social et ses activités se limitaient à un cercle restreint d'amis proches et de membres de sa famille.

Un timbre à son effigie a été édité en 2017 par les autorités libanaises.

Durant les deux crises présidentielles qu'a connues le Liban au cours de la dernière décennie, le nom de M. Ghosn a circulé dans les milieux politiques et religieux au titre de présidentiable potentiel. Mais, selon des proches, l'ancien patron de Renault n'a jamais montré d'intérêt pour un quelconque poste public au Liban.

© 2019AFP