Bridgestone: l'intersyndicale veut une révision du plan de sauvetage

L'intersyndicale de l'usine de pneumatiques Bridgestone de Béthune a demandé une révision du scénario de sauvetage examiné par le gouvernement, rejetant les "efforts supplémentaires" réclamés selon elle aux salariés pour la sauvegarde de plus de 500 postes, a indiqué vendredi une de leur avocats à l'AFP.

L'intersyndicale a pris cette position lors d'une rencontre mercredi sur le site de l'usine, dans le Pas-de-Calais, avec des experts du cabinet Accenture, mandaté pour élaborer un projet industriel de maintien de l'activité.

Mi-septembre, Bridgestone avait annoncé la "cessation définitive" à l'horizon 2021 de l'activité du site, invoquant une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coûts.

Le plan de sauvetage, tablant sur le maintien dans un premier temps de 560 des 863 poste -ramenés à 520 d'ici 2025- prévoit "un effort supplémentaire" des salariés, sous forme "d'augmentation de la durée du travail avec deux à trois heures en plus par semaine, gratuites", a affirmé l'avocate Pauline Brocart.

L'intersyndicale a demandé à Accenture "de travailler à une autre solution", au vu de l'impact sur les "salaires et primes" d'une telle mesure, a-t-elle expliqué.

L'intersyndicale s'inquiète aussi de ne pas avoir de réponse sur la répartition entre l'État et le groupe japonais de la prise en charge des investissements requis, "de 100 à 130 millions d'euros".

Selon Me Brocart, l'intersyndicale est "assez dubitative car Accenture n'a pas toutes les informations de la part de la direction" pour travailler le projet, qui prévoit une production de 3 millions de pneus de qualité supérieure.

Ce manque d'information concerne notamment selon elle "le coût estimé de la fermeture de l'usine, qui serait selon la direction de 300 à 330 millions d'euros".

"Il y a toujours un espoir du côté de l'intersyndicale, mais cela commence à faire long" a relevé l'avocate.

"Nous avons fourni toutes les informations nécessaires à Accenture et nous sommes encore en train d'examiner avec eux la viabilité de l'option proposée et les hypothèses envisagées dans leur rapport", a affirmé pour sa part la direction à l'AFP.

"Nous menons ce travail au plus vite pour donner de la visibilité aux employés. Les prochaines échéances sont en cours d'organisation par le gouvernement", a-t-elle ajouté.

La ministre déléguée chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher avait indiqué le 20 octobre que le gouvernement se donnait trois semaines pour valider ou non le scénario de sauvetage.

© 2020AFP