Les droits de douane "sont une mauvaise nouvelle pour l'économie mondiale (...) et c'est pourquoi nous mettons en place aujourd'hui un ensemble de mesures de soutien à l'industrie automobile", a indiqué lundi la ministre des Transports Heidi Alexander sur la chaine britannique Sky News.
L'exécutif avait dès dimanche soir annoncé plus de flexibilité avec les constructeurs sur l'interdiction de la vente de voitures essence et diesel en 2030 dans le pays, les autorisant notamment à commercialiser des hybrides au-delà de cette date et exemptant des objectifs fixés les petits constructeurs, tels que McLaren et Aston Martin.
Une nouvelle qui passe mal auprès les ONG écologistes: "ce train de mesures affaiblit les incitations à la transition" énergétique, dénonce Doug Parr, un responsable de Greenpeace UK. "L'urgence climatique n'attendra pas que le Royaume-Uni se mobilise."
Les constructeurs automobiles, eux, approuvent: "le gouvernement a écouté l'industrie et a reconnu à juste titre la forte pression que subissent" les acteurs du secteur, s'est félicité dans un communiqué Mike Hawes, directeur général de l'association sectorielle SMMT.
Pour autant face aux "difficultés potentiellement sévères (...) suite à l'introduction des droits de douane américains, des mesures plus importantes seront très certainement nécessaires pour préserver la compétitivité de notre industrie", a-t-il prévenu.
Livraisons suspendues
Signe des inquiétudes du secteur, qui pèse 19 milliards de livres (22,2 milliards d'euros) et emploie 152.000 personnes dans le pays, le groupe Jaguar Land Rover a annoncé samedi suspendre ses livraisons vers les Etats-Unis en avril, le temps d'examiner l'impact de ces droits de douanes.
Si une certaine flexibilité sur l'électrification était attendue de la part du gouvernement, indépendamment des annonces douanières américaines, Londres a examiné "avec une urgence renouvelée" la question de l'industrie automobile la semaine dernière, a affirmé Heidi Alexander sur LBC.
Les constructeurs appellent désormais Londres et Washington à poursuivre "à un rythme soutenu" les négociations en vue d'un possible accord économique que le Royaume-Uni espère pour réduire les droits de douane.
Londres s'est vu imposer la semaine dernière des droits de douane réciproques de 10%, le niveau le plus faible annoncé, notamment en comparaison de l'Union européenne (20%) mais l'industrie automobile ou encore l'acier et l'aluminium sont visés au niveau mondial par des taxes spécifiques de 25%.
Le gouvernement britannique négocie d'arrache-pied avec les Américains depuis plusieurs semaines pour tenter de décrocher un accord qui pourrait supprimer tout ou partie de ces taxes.
Cette idée, rendue possible par le Brexit, remonte à la visite fin février à Washington du Premier ministre travailliste Keir Starmer. Donald Trump avait évoqué un accord "dans lequel les droits de douane ne seraient pas nécessaires" entre les deux pays.
Petits constructeurs exemptés
Londres cherche à "garantir que les entreprises" du secteur automobile "puissent exporter des voitures britanniques construites par des travailleurs britanniques", a affirmé le Premier ministre Keir Starmer dans un communiqué.
L'interdiction de la vente de voitures essence et diesel dans le pays avait été décalée à 2035 par le précédent gouvernement conservateur mais le nouvel exécutif travailliste avait déjà indiqué à plusieurs reprises qu'il allait revenir à l'ambition initiale de 2030.
Mais pour adoucir cet objectif, le gouvernement a indiqué lundi que des véhicules hybrides pourront toujours être vendus jusqu'en 2035, une demande répétée du secteur.
En outre, les petits constructeurs, dont les emblématiques marques britanniques McLaren et Aston Martin, seront eux exemptés des objectifs fixés.
Le plan annoncé lundi confirme également un engagement financier de 2,3 milliards de livres pour soutenir la production de véhicules électriques et d'autres mesures de flexibilité destinées à éviter que les constructeurs ne se retrouvent dans l'obligation de payer des amendes.
Le soutien à l'industrie automobile "sera réexaminé à mesure que l'impact des droits de douanes (américains) sera clarifié", précise le gouvernement.