Les autres infos sur la fusion Renault/FCA
"Groupe Renault confirme avoir reçu une proposition de FCA (Fiat Chrysler Automobiles) concernant une potentielle fusion à 50/50 entre Groupe Renault et FCA. Le Conseil d’administration de Renault se réunira ce matin pour discuter de cette proposition. Un communiqué de presse sera diffusé après cette réunion."
Ce bref communiqué du Groupe Renault de ce lundi matin confirme donc les discussions évoquées dès samedi par Le Financial Times et le Wall Street Journal. Selon une autre source, l'annonce est l'aboutissement de "discussions qui avaient déjà commencé sous Carlos Ghosn", l'ancien patron emblématique du constructeur français, mis en examen au Japon pour des malversations financières.
L'Etat français, grand actionnaire de Renault, avait déjà pris acte "avec ouverture" des négociations en cours, mais sera "vigilant sur l'emploi, l'empreinte industrielle et les interêts patrimoniaux", a fait savoir une source proche du gouvernement durant le week-end.
Crise entre Renault et Nissan
Son arrestation fin novembre à Tokyo a ouvert une crise entre Renault et son allié japonais Nissan, à l'origine des révélations qui ont déclenché l'enquête.
"La question désormais est : +quelle va être la réaction des Japonais?+", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, qui dit craindre qu'ils ne soient "furieux". Selon une autre source, "Nissan n'a pas été impliqué dans ce dossier". Mais un autre responsable évoque de premières réactions "positives"...
Dimanche, Nissan refusait de commenter. Un conseil de l'alliance franco-japonaise est prévu mercredi à Tokyo avec les dirigeants des deux groupes.
Un rapprochement entre Renault et Fiat Chrysler, intégrant également les japonais Nissan et Mitsubishi, créerait un ensemble de près de 16 millions de véhicules, qui distancerait largement ses rivaux Volkswagen (10,6 millions de véhicules vendus en 2018) et Toyota (10,59 millions).
Elle changerait aussi profondément le rapport de forces au sein de l'attelage Renault-Nissan-Mitsubishi. Renault avait poussé ces dernières semaines pour une intégration renforcée avec Nissan, qui l'a éconduit. Mais qui risque désormais de se trouver relégué au second plan.
Renault (avec Dacia, Lada, Samsung, Alpine) a vendu l'an dernier 3,9 millions de véhicules, Nissan 5,65 millions et Mitsubishi Motors 1,22. Fiat Chrysler, qui compte 13 marques (dont Jeep, Alfa Romeo, Dodge, Ram...), a écoulé 4,8 millions de véhicules en 2018.
Complémentarités
Fiat Chrysler (FCA) était depuis plusieurs semaines au centre de rumeurs de rapprochements. "Dans les deux à trois prochaines années, il y aura de réelles opportunités" en termes d'alliances et de partenariats dans le secteur automobile et "FCA jouera un rôle actif et constructif" dans ce mouvement de consolidation, avait affirmé récemment le patron de FCA Mike Manley.
Renault, dont l'action a chuté depuis le scandale Ghosn, pèse environ 15 milliards d'euros en bourse, pas loin des 18 milliards de Fiat Chrysler. C'est pourtant le groupe français qui apparaît en position de force.
"Sans partenaire, Fiat ne peut pas survivre. Ils n'ont aucun véhicule électrique, ils ont seulement de vieux modèles, la seule chose qui les maintient en vie ce sont les ventes aux Etats-Unis", a expliqué à l'AFP Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research (CAR), basé en Allemagne. Selon lui, "Renault réalise un joli coup stratégique et s'éloigne désormais de Nissan, un partenaire dont les intentions sont devenues difficiles à comprendre".
Tous les constructeurs cherchent actuellement à joindre leurs forces pour réaliser les investissements colossaux rendus nécessaires par les évolutions technologiques dans l'automobile : électrification, conduite autonome, véhicules connectés...
Ils affrontent par ailleurs une conjoncture mondiale difficile, avec notamment un retournement du marché chinois.
FCA et Renault, qui fabriquent tous deux des voitures populaires, auraient la possibilité de partager de nombreux éléments techniques. Renault apporterait notamment son savoir-faire dans les véhicules électriques.
FCA offrirait, lui, une part de marché importante en Amérique du Nord, avec des gros véhicules SUV et pick-up particulièrement rentables, qui ne sont pas le point fort de Renault.
Qui sont les premiers constructeurs du monde ?
Le trio de tête est composé de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, au coude-à-coude avec le géant allemand Volkswagen, suivis du japonais Toyota.
- Renault-Nissan-Mitsubishi n'annonce pas ses ventes groupées, mais selon un calcul de l'AFP, l'alliance a vendu 10,76 millions de véhicules l'an passé. Le trio avait atteint le rang de numéro un mondial pour la première fois en 2017.
- Volkswagen, avec ses douze marques dont Audi, Porsche, Seat, Skoda, a vendu 10,83 millions de véhicules, en comptant les camions vendus sous les marques MAN et Scania. Si l'on s'en tient aux seules voitures particulières (VP) et véhicules utilitaires légers (VUL), Volkswagen en a écoulé 10,6 millions l'an dernier.
- Toyota est troisième avec 10,59 millions d'unités (+2%) vendues sous ses marques Toyota, luxe Lexus, mini-véhicules Daihatsu, poids lourds Hino. Le japonais avait dominé la scène mondiale de 2008 à 2015, à l'exception de l'année du tsunami de 2011 dans le nord-est du Japon.
Que pèserait une alliance Renault-Fiat-Chrysler?
L'an dernier, une alliance Renault-Fiat-Chrysler aurait porté sur 8,74 millions de voitures.
Un ensemble rassemblant tous azimuts Renault, Nissan, Mitsubishi, et Fiat Chrysler aurait, lui, pesé 15,63 millions de véhicules, très nettement en pole position mondiale.
- Renault (avec ses marques Dacia, Lada, Samsung Alpine et des utilitaires vendus en Chine sous les marques Jinbei et Huasong) a vendu 3,9 millions de véhicules l'an passé.
- Nissan (avec ses marques Infiniti Datsun, Nismo, Venucia) a vendu 5,65 millions de véhicules.
- Mitsubishi a commercialisé 1,24 millions de voitures sur son exercice d'avril 2018 à mars 2019.
- Fiat Chrysler Automobiles (marques Fiat, Alfa Romeo, Lancia, Abarth, Maserati, Chrysler, Dodge, Jeep, Ram Trucks, Mopar, Teksid, Magneti-Marelli, Comau, Itedi) a vendu 4,84 millions de voitures.
Quels défis pour l'industrie auto?
Arrêt progressif du diesel, développement de la voiture électrique, et/ou de l'automobile connectée : l'industrie automobile traditionnelle est en pleine "transition" face aux enjeux du réchauffement climatique, et doit aussi faire face à des règles environnementales de plus en plus strictes.
Les constructeurs historiques se voient talonnés par des nouveaux venus très novateurs comme Tesla, constructeur de véhicules électriques haut de gamme. Sans avoir encore convaincu tout le monde de leur viabilité, ils remettent en cause les fondements mêmes du vieux moteur à explosion.
Par ailleurs en Chine, jusqu'à présent un réservoir de croissance pour les constructeurs, les ventes de voitures ont chuté pour la première fois l'an dernier en plus de deux décennies, et la tendance s'est confirmée en début d'année (-11% au premier trimestre).
Pour Fiat Chrysler, la peine est triple, puisque le nombre de véhicules livrés a chuté de 14% en Amérique du Nord, son marché le plus important, de 30% en Asie-Pacifique, principalement en Chine, et de 12% en Europe-Moyen-Orient-Afrique.
Autres exemples : l'Américain Ford, qui va supprimer 7.000 emplois dans le monde. Ou l'Indien Tata Motors qui a annoncé une baisse de 47% de son bénéfice net annuel.
Dans ce contexte morose, le fabricant de voitures de luxe Ferrari s'est distingué par un début d'année tonitruant, avec un bond tant de son bénéfice que de ses ventes, grâce en particulier à son nouveau bolide, Portofino.
bur-im/aro/aue/bma