Automobile: Luca De Meo appelle les Européens à "travailler en équipe"

Le directeur général de Renault Luca de Meo a appelé mercredi les industriels et responsables politiques européens à "travailler en équipe" pour ne pas se laisser distancer par la Chine et les Etats-Unis.

"Pour que l'Europe sorte la tête haute de la phase délicate où elle se trouve, il est temps de travailler en équipe et d'investir dans l'innovation", a souligné M. De Meo, qui dirige aussi le lobby automobile européen (ACEA), dans un entretien au journal italien Il Sole 24 Ore.

M. De Meo dénonce aussi "la prolifération excessive et le caractère parfois punitif des réglementations". Plusieurs constructeurs s'estiment incapables de respecter le renforcement des normes d'émissions de CO2 prévu en 2025, en particulier à cause de l'érosion des ventes de voitures électriques.

"Nous abordons 2025 avec un marché de la voiture électrique qui est à la moitié de ce qu'il devrait être, et ce sans visibilité sur les mesures de stimulation de la demande, et surtout avec l'épée de Damoclès des amendes de plusieurs milliards", en cas de non-respect des limites d'émissions de CO2.

"Voilà un cas concret où l'Europe pourrait donner un signal de pragmatisme et montrer sa capacité à soutenir la transition en regardant l'objectif, et non l'échéance", souligne M. De Meo.

Les constructeurs demandent à la Commission européenne des mesures d'aide urgentes mais aussi un avancement d'une révision potentielle des prochaines normes d'émissions CO2, censées entrer en vigueur en 2026 et 2027.

Le patron de Renault salue les conclusions du rapport Draghi sur les difficultés économiques de l'Union, estimant que le "système européen" n'investit pas assez dans l'innovation, et de manière "moins coordonnée".

"C'est en jouant un sport d'équipe que les Etats-Unis, lors de la révolution numérique, et la Chine dans cette transition vers la voiture électrique, ont gagné la partie", souligne le patron.

M. De Meo appelle à "une collaboration étroite entre la science, les régulateurs et les acteurs économiques pour décider des standards technologiques européens sur lesquels travailler".

Il souligne par ailleurs que les Européens devraient miser sur "des véhicules plus compacts et plus légers". Le segment des petites voitures, un des points forts de Renault pendant longtemps, "est celui qui a le plus souffert des réglementations, à tel point qu'il nous est devenu très difficile de produire des véhicules compacts de manière rentable", explique M. De Meo.

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