Michelin signe avec les syndicats un pacte confortant l'avenir de son site de Roanne

Michelin a signé mardi un accord novateur avec les partenaires sociaux de son usine de Roanne (Loire), s'engageant à ne pas restructurer le site en échange de plus de flexibilité de la part des salariés.

Fait rare, la direction a reçu la presse en présence des syndicats pour présenter le texte. Elle s'est félicité que Roanne devienne une "référence sociale" grâce à un accord qu'elle espère dupliquer ailleurs en France.

Une démarche similaire est d'ailleurs déjà à l'étude à la Roche-sur-Yon (Vendée), a ajouté le directeur France de Michelin, Rémi de Verdilhac.

Il ne s'agit pas d'un "accord de competitivité" au sens où l'entend la loi, puisqu'il n'a pas à être soumis aux autorités, a expliqué à l'AFP le directeur des relations sociales Benoît de la Brétèche, qui préfère parler d'un "pacte d'avenir" formalisant des engagements mutuels de la direction et des syndicats.

Roanne avait un réel déficit de compétitivité par rapport à d'autres sites du groupe, mais aussi face à ceux de la concurrence, dans la production de pneus de 16 et 17 pouces destinés aux camionnettes, 4x4 ou véhicules de type Espace.

Aujourd'hui, "par la volonté des partenaire sociaux, cette usine a un avenir", a lâché Eric Percie du Sert, directeur de l'usine.

La direction et les syndicats représentatifs de Roanne (CFDT, Sud, CFE-CGC) ont donc signé un "pacte d'avenir 2019".

Dans ce texte, la direction s'engage à investir au moins 80 millions d'euros pour créer une nouvelle chaîne de production de pneus "haute couture" de 19 à 21 pouces destinés aux véhicules de luxe. Michelin pourra ainsi abandonner la production sur ce site de pneus 16-17 pouces, qui doivent faire face à une concurrence asiatique forte.

"Grâce au savoir-faire de nos usines françaises, on peut mieux se positionner sur ce type de produits" par rapport aux concurrents, assure Eric Percie du Sert à l'AFP.

Cet investissement va permettre de maintenir 720 emplois à horizon 2019, contre 850 aujourd'hui et ainsi éviter une restructuration.

Pour l'heure, il y a environ 770 CDI sur le site. Ce pacte entraînera donc une suppression nette de 50 emplois, mais sans licenciements puisqu'il s'agira de départs en retraite non remplacés, précisent néanmoins les syndicats.

En contrepartie, la direction demande à son personnel un "engagement" sur la sécurité, la qualité et surtout la "réactivité" puisque les pneus haute performance sont souvent produits en petites séries, énumère le directeur d'usine.

Cela induira une ouverture de l'usine 7 jours sur 7 contre 6 jours sur 7 actuellement. Et donc une nouvelle organisation du travail en cinq équipes, contre quatre actuellement. Les salariés devront à ce titre oeuvrer 28 dimanches par an, alors que jusqu'à présent le travail dominical dépendait de la demande des clients.

"Le site de Roanne était voué à un échec total" et "il n'y avait pas d'autre solution que de se repositionner" sur un nouveau secteur, a expliqué le délégué Sud Jérome Lorton.

D'ailleurs les salariés ont voté à 95% pour ce pacte, relève-t-il.

"On est dans une dynamique porteuse", abonde le délégué syndical CFDT Jean-Daniel Beal. "Sinon, la foudre allait tomber", ajoute-t-il.

A la CGT, syndicat non représentatif à Roanne, on voit en revanche ce type d'accord d'un mauvais oeil. "Moins de jours fériés en famille, au nom de quoi? Au bénéfice des actionnaires?", se demande Jean-Michel Gilles, secrétaire général de la CGT Michelin, à trois jours de l'assemblée générale du groupe.

En 2014, le bénéfice de Michelin a reculé de 8,5% à 1,03 milliard.

Dans la foulée de cette publication, le président de l'entreprise Jean-Dominique Senard avait annoncé l'accélération d'un "plan de compétitivité" déjà en place sur la période 2012-2016.

Avant Michelin, d'autres grands noms de l'automobile comme PSA ou Renault avaient signé ce type d'accord réclamant des efforts de compétitivité aux salariés (sur la durée du travail, les salaires, etc.) en échange d'un engagement sur le maintien de l'emploi.

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