Russie: marché encore à la baisse en 2016

Les constructeurs automobiles prévoient une baisse de 4,7% de leurs ventes en Russie en 2016, après un effondrement de 35,7% l'année dernière causé par la récession frappant le pays, a indiqué jeudi leur fédération.

L'industrie automobile, très sensible à l'évolution du taux de changes et du pouvoir d'achat des ménages, est l'un des secteurs les plus touchés par la récession qui frappe la Russie à cause des sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne et l'effondrement du marché pétrolier.

Les chiffres publiés jeudi par la fédération des constructeurs implantés en Russie, l'Association of European Businesses (AEB), montrent l'ampleur de la déroute subie depuis 2012, quand le marché avait atteint un niveau record et s'était placé à la deuxième marche du podium européen après l'Allemagne.

Sur les trois années suivantes, les ventes de voitures neuves ont plongé de 45%, soit près de moitié, ramenant la Russie à la cinquième place en Europe l'année dernière, particulièrement douloureuse. A contre courant du dynamisme actuel dans la plupart des pays européens et aux Etats-Unis, les constructeurs ont écoulé en 2015 en Russie 1,6 million de véhicules légers ou utilitaires, 35,7% de moins qu'en 2014.

Les industriels, qui à l'image de l'alliance Renault-Nissan ont investi massivement en Russie ces dernières années, continuent dans l'ensemble d'assurer que ce marché est devrait à long terme devenir le premier en Europe en raison de sa population et du faible niveau d'équipement des ménages.

A court terme cependant, ils ne cachent pas leur pessimisme et les dernières semaines n'ont fait que renforcer leur prudence avec une violente chute des cours du pétrole qui a entraîné le rouble, annonçant de probables hausses de prix.

"Nous ne voyons pas de dynamique positive", a résumé Joerg Schreiber, président du comité automobile de l'AEB, lors d'une conférence de presse à Moscou. "Le marché n'est pas encore stabilisé mais le rythme de la baisse devient moins fort".

- Soutien public -

Le recul a été général l'an dernier et les marques de luxe Lexus et Porsche sont pratiquement les seules à y avoir échappé avec des hausses des ventes respectives de 6% et 12%. Le marché est resté dominé par le numéro un local Lada (-31% pour ses ventes), contrôlé depuis 2014 par Renault-Nissan, devant Kia (-16%), Hyundai (-10%), Renault (-38%), Toyota (-39%), Nissan (-44%) et Volkswagen (-39%).

Plus bas dans le classement, les marques du groupe américain General Motors, qui a décidé de retirer la plupart de ses modèles du marché russe, ont plongé à l'image de Chevrolet (-60%) et Opel (-74%). Les français Peugeot (-73%) et Citroën (-72%) ont traversé une année particulièrement difficile.

La plupart des industriels ont mis au ralenti leur production, avec des semaines de quatre jours ou des périodes de chômage technique mais aussi parfois des licenciements.

Pour 2016, l'AEB prévoit une nouvelle baisse de 4,7% des ventes mais souligne le fort niveau d'incertitude vu les turbulences financières actuelles. Elle insiste également sur le fait que ses pronostics supposent que le gouvernement maintienne ses mesures de soutien du secteur (primes à la casse, subventions aux crédits automobiles...).

Le gouvernement a promis qu'il ne reviendrait pas sur son dispositif mais vient d'annoncer qu'il allait devoir procéder à des coupes budgétaires face à la faiblesse des prix du pétrole, qui assure avec le gaz la majorité de ses revenus.

"Nous allons faire en sorte de soutenir le marché soit au même niveau qu'en 2015, soit avec une baisse de l'ordre de 5%", a indiqué jeudi le ministre de l'Industrie Denis Mantourov, cité par les agences russes.

L'analyste Vladimir Bespalov, de la banque VTB Capital, prévoit lui aussi une baisse des ventes cette année vu la faiblesse actuelle du rouble, car de nombreuses voitures vendues en Russie sont soit importées, soit assemblées localement avec des pièces détachées importées.

"Il est actuellement difficile de s'attendre à une croissance économique cette année, et sans croissance, il est peu probable que le marché automobile reparte à la hausse", estime-t-il, interrogé par l'AFP.

gmo/kat/lpt

© 2016AFP

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