Liquidation de Carrier: la maison-mère blanchie

Le conseil des Prud'hommes d'Alençon a débouté lundi les 149 ex-salariés de Carrier qui accusaient leur maison-mère Fast d'avoir torpillé le carrossier ornais.

"Il n'est pas constaté de négligence blâmable ou de faute des dirigeants de l'entreprise" ou "du groupe Fast", a conclu le conseil dans ses décisions qui déboutent les 149 ex-salariés. Ces derniers réclamaient 23 millions d'euros en tout, selon leur avocat Jean-Pierre Bougnoux.

Liquidé en janvier 2014, Carrier était le dernier carrossier d'autocars en France.

"Les salariés sont accablés. Il y a deux ans, ils sont licenciés par un groupe prospère. Là, le juge d'Alençon leur dit +circulez, y a rien à voir+", a déclaré à l'AFP Me Bougnoux qui assure qu'il va conseiller à ses clients de faire appel. Ils ont un mois pour le faire.

"C'est un jugement unilatéral. C'est quasiment un copier-coller des conclusions de la partie adverse. C'est comme si ils n' n'avaient pas lu les miennes", a estimé l'avocat.

Selon le jugement, Me Bougnoux a, devant le conseil, "prétendu que la situation économique de la société Carrier a été provoquée par un transfert de marge de Carrier" vers Fast Concept Car, entreprise du groupe Fast qui était cliente de Carrier. L'avocat y cite "une remise sur la vente des autocars en 2010 et 2011 de 1,2 millions d'euros au total", et un transfert de trésorerie de 5,6 millions d'euros".

Mais, relèvent les Prud'hommes, "les 5,6 millions d'euros correspondent à un ensemble d'acompte reçus, déduits des factures à payer (...) Le cabinet KPMG n'a relevé aucune anomalie".

Et la remise "n'a été appliquée qu'aux années 2010 et 2011, avec des ventes records".

En outre "la vente d'une partie des actifs à la société égyptienne MCV ne démontre pas la volonté de Fast de délocaliser sa production, cette vente étant intervenue en mai 2014 dans le cadre de la liquidation de la société", selon le conseil.

Ce dernier reconnaît en outre le caractère économique des licenciements et considère que Fast ne pouvait être considéré comme le co-employeur des Carrier contrairement à ce que plaide Me Bougnoux.

En 2014, la société employait 180 salariés dont "très peu" ont retrouvé un emploi depuis selon leur avocat.

"J'ai l'impression que ce torpillage a été prémédité" par le groupe, avait déclaré le député maire PS d'Alençon Joachim Pueyo lors d'une conférence de presse des élus et du préfet au moment de la liquidation.

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