Voir également ci-dessous le Communiqué de Presse Renault sur ce sujet.
Après PSA, qui a bouclé un nouvel accord triennal (2017-2019) en juillet, Renault a l'ambition d'aboutir à un accord avant mi-décembre.
Cette première séance d'une matinée a donné le ton: l'entreprise s'est montrée "ouverte d'esprit", de l'aveu même du représentant CGT Fabien Gâche.
Tous les thèmes que les syndicats souhaitaient aborder "seront discutés", "c'est positif", ont indiqué à l'AFP les représentants syndicaux. Y compris sur "les questions de précarité", constatait avec satisfaction M. Gâche, dont le syndicat, deuxième force chez Renault, n'avait pas été signataire du précédent accord en mars 2013.
Dans un communiqué, l'entreprise estime que le nouvel accord devra répondre à "trois enjeux" pour "préparer l'avenir de Renault en France": "la satisfaction du client, la performance durable et la motivation des salariés".
Elle promet "des engagements" sur "l'activité" et "l'investissement", en précisant que les thématiques porteront "notamment" sur "emploi et compétences, reconnaissance, management et organisation du travail, cadre de travail, organisation du temps de travail, dialogue social".
Comme attendu, la direction a insisté sur le fait "qu'on n'était pas dans le même contexte" qu'en 2013, selon les syndicats. Renault, alors confronté comme tous les constructeurs à une chute des ventes en Europe, menaçait de réduire la voilure.
En échange d'un maintien de tous les sites en France jusqu'à fin 2016, CFE-CGC, la CFDT et FO avaient accepté des efforts conséquents: réduction de 15% des effectifs, augmentation du temps de travail, plus de mobilité et de flexibilité, gel des salaires la première année.
"80% d'intérimaires sur les chaînes"
Selon l'entreprise, qui a recommencé à embaucher en 2015, environ 7.200 postes nets auront été supprimés entre début 2013 et fin 2016 sur le périmètre de l'accord, Renault SAS et sept filiales industrielles. Plus précisément: 9.200 départs (au lieu de 8.200 prévus initialement) et 2.000 recrutements en CDI (contre 760).
Dans le périmètre de l'accord, Renault recensait 35.000 salariés fin 2015, selon un décompte corrigé jeudi par l'entreprise.
Parallèlement, les volumes produits ont augmenté de près de 50%. Résultat: une "montée des cadences très forte", observe Laurent Smolnik (FO, 4e syndicat), pour qui il y a urgence à "maintenant regarder les conditions de travail, les salaires et le climat social".
La première séance a montré que "l'on n'est clairement pas sur un accord de compétitivité", souligne Franck Daoût, délégué central CFDT, deuxième organisation.
Pour Bruno Azière, représentant de la CFE-CGC, premier syndicat, il faut maintenant "voir ce que l'entreprise met derrière ces enjeux partagés". Sur le recours à l'intérim, "la direction a conscience qu'on a atteint un niveau anormal, la question est de savoir ce qu'est un niveau normal pour elle", poursuit-il.
Tous les syndicats pointent en effet une explosion du nombre d'intérimaires, qui a plus que triplé entre 2013 et 2015 et dépasse aujourd'hui les 8.000. Selon la CGT, la plupart des chaînes tournent avec plus de 80% d'intérimaires.
Mais si tous réclament un engagement d'embauches, seule la CGT l'a pour l'heure chiffré: 14.000 recrutements au minimum dans les trois ans sont nécessaires, compte-tenu de cette situation et des départs naturels, estime le syndicat.
Lancées dans la foulée de la loi travail, ces discussions seront-elles inscrites par la direction de Renault dans le nouveau cadre des accords dits offensifs? La marque au losange n'a pas envoyé de signaux en ce sens. Pas plus qu'elle ne semble encline à négocier à la baisse le prix des heures supplémentaires.
Dans ce contexte, une signature de la CGT-Renault n'est pas à exclure. "Pourquoi ne pas signer un accord qui réponde aux revendications que l'on porte?", dit Fabien Gâche. L'occasion, aux yeux de la confédération CGT, de démontrer qu'il était inutile d'assouplir davantage le code du travail.
La prochaine réunion est prévue le 4 octobre.
shu/cel/LyS