Toyota: Baisse des ventes (-7,2%) et des profits

Le géant japonais de l'automobile Toyota a vu ses profits chuter au premier semestre, sous le coup de la remontée du yen, et son activité a souffert aux Etats-Unis, mais il a tempéré son pessimisme pour l'ensemble de l'année.

Privée des deux atouts qui avaient fait sa force au cours des précédents exercices - une devise nippone faible et un marché américain dynamique -, la firme de Nagoya a déchanté.

Sur la période d'avril à septembre, elle a affiché un bénéfice net en baisse de 25% à 946,17 milliards de yens (8,02 milliards d'euros au taux de change retenu par le groupe), sur un chiffre d'affaires en repli de 7,2% à 13.070,5 milliards de yens.

Le gain d'exploitation a lui aussi dégringolé (-29,5%), à 1.116,87 milliards de yens, amoindri à hauteur de 565 milliards de yens par les variations des monnaies.

Sur le terrain, les résultats restent tout à fait honorables. Durant le semestre, le groupe Toyota a ainsi écoulé davantage de véhicules qu'un an plus tôt, à un peu plus de 5 millions d'unités, avec un point noir cependant: l'Amérique du Nord, où ses ventes ont reculé.

Les clients se sont détournés des voitures de tourisme pour privilégier les 4X4 urbains et camionnettes sur fond d'essence bon marché, a expliqué lors d'un point presse à Tokyo Takahiko Ijichi, un des vice-présidents du groupe, évoquant "un changement drastique".

Or Toyota, connu pour sa citadine Yaris, ses berlines Crown et Corolla ou son hybride Prius, "n'est pas bien positionné" sur ce type de véhicules à gros gabarit, a commenté auprès de l'AFP Hans Greimel, analyste d'Automotive News. "Il perd du terrain aux Etats-Unis, traditionnellement sa vache à lait, et ne parvient pas à résister au ralentissement du marché", souligne-t-il, contrairement à son compatriote et rival Nissan qui a fait état lundi d'une performance solide dans la région.

 

Hydrogène mais aussi électrique

Du fait de ces difficultés, face à un marché japonais atone et à un déclin au Moyen-Orient comme en Afrique, Toyota vise désormais 10,1 millions d'automobiles pour l'ensemble de l'exercice qui s'achève en mars 2017 (au lieu de 10,15 auparavant escomptés).

En Asie, il a vu ses ventes progresser en Chine, où il a investi tardivement, tandis que le tableau est plus mitigé en Thaïlande et en Malaisie. Mais Toyota espère devenir plus compétitif sur ces marchés émergents grâce à la récente prise de contrôle totale de sa filiale Daihatsu qui, avec ses mini-véhicules, est très bien implantée en Asie du sud-est.

Le géant projette aussi de s'allier à Suzuki, champion en Inde, arguant de la nécessité de nouer des partenariats dans un contexte de mutations technologiques extrêmement rapides, qu'il s'agisse de la conduite autonome ou des normes environnementales de plus en plus strictes.

Au sujet des voitures "propres" justement, M. Ijichi a nuancé des informations de presse selon lesquelles Toyota, pionnier de l'hybride (double motorisation à essence et électricité), allait lancer la production en série d'automobiles électriques à l'instar de concurrents comme Nissan.

"Nous pensons toujours que la voiture à pile à combustible est plus avantageuse du fait d'une autonomie et d'un temps de ravitaillement similaires aux véhicules classiques. Nous n'avons pas changé d'avis, mais en attendant l'avènement d'une société à hydrogène nous voulons développer tous les types de voitures écologiques", a réagi M. Ijichi, avec pour horizon les jeux Olympiques de Tokyo en 2020.

Du côté de la performance financière, Toyota, qui avait abaissé début août ses estimations annuelles, les a cette fois relevées. Il espère en effet un léger mieux du côté des changes (le dollar est désormais attendu à 103 yens sur l'année comptable, au lieu de 102 yens) et parie aussi sur des réductions de coûts plus importantes.

Mais la chute à venir n'en reste pas moins prononcée par rapport aux records des exercices passés: le bénéfice net devrait s'établir à 1.550 milliards de yens (au lieu de 1.450 milliards précédemment projetés), en baisse de 33% sur un an, pour un bénéfice d'exploitation en diminution de 40,4% à 1.700 milliards de yens (au lieu de 1.600 estimés auparavant) et un chiffre d'affaires toujours attendu à 26.000 milliards (-8,5% sur un an).

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