"Viens de raccrocher au téléphone avec mon ami Bill Ford, le président du conseil d'administration de Ford, qui m'a fait savoir qu'il allait conserver le site Lincoln dans le Kentucky - Pas de Mexique", avait écrit sur son compte Twitter jeudi soir M. Trump, dont le thème central de campagne était de faire revenir aux Etats-Unis des usines de groupes américains délocalisées.
"Nous avons confirmé au président élu que la fabrication de notre petit SUV de marque Lincoln actuellement à l'usine d'assemblage de Louisville va rester dans le Kentucky" (centre-est), a de son côté souligné Ford.
Le site d'assemblement de Louisville produit le SUV (4x4 de ville) Lincoln MKC ainsi que le SUV Ford Escape. Si la marque à l'ovale bleu avait obtenu de délocaliser la production de ses petites voitures au Mexique dans le cadre des accords salariaux négociés en 2015 avec le puissant syndicat UAW, rien n'avait été décidé sur le futur site de production du Lincoln MKC.
"Il était plus que probable que le site de Cuautitlan au Mexique accueille le MKC", a toutefois indiqué à l'AFP vendredi Christin Baker, une porte-parole du constructeur.
Mais le maintien de la production du modèle Lincoln dans le Kentucky n'aura aucun effet en terme d'emplois. "L'accord quadriennal signé avec l'UAW stipule que les effectifs devaient rester stables dans cette usine avant et après notre décision", a assuré Mme Baker.
taxe à l'importation
Quelque soit l'avantage que souhaite tirer Donald Trump de la décision de Ford, l'avenir des emplois sur ce site va dépendre de la santé du marché automobile américain qui a atteint un plateau après deux années de ventes record d'affilée, préviennent les experts.
Ford a annoncé récemment qu'il allait réduire de 12,5% sa production aux Etats-Unis au quatrième trimestre pour aligner ses stocks sur la demande. Cela se traduira notamment par un arrêt de la production pendant deux semaines sur le site de Louisville.
General Motors (GM), le premier constructeur américain, envisage de supprimer 2.000 emplois aux Etats-Unis, principalement en raison de faibles ventes de petits modèles, boudés par les Américains en raison des prix bas des carburants et de taux d'intérêt très faibles.
En déménageant la production du Lincoln MKC, Ford voulait faire plus de place au Ford Escape plus rentable et qui se vend mieux.
Le volte-face de Ford peut apparaître comme une victoire pour Donald Trump, chantre du patriotisme économique qui s'en était pris pendant la campagne électorale aux groupes américains délocalisant leurs usines à l'étranger. Ford et le géant informatique Apple étaient ses cibles favorites.
M. Trump avait même menacé d'imposer une taxe à l'importation de 35% pour les voitures produites au Mexique puis importées aux Etats-Unis et promis de renégocier l'accord de libre-échange nord-américain (Alena) conclu en 1994 entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.
Son message semble avoir porté puisque plusieurs Etats où l'industrie automobile est fortement représentée et qui votaient traditionnellement pour le candidat démocrate, comme le Michigan et le Wisconsin, ont largement voté pour lui en 2016, faisant basculer l'élection.
"Nous espérons que le président élu Trump et le nouveau Congrès vont mettre en place des politiques destinées à améliorer la compétitivité des Etats-Unis de sorte qu'il soit possible de conserver la production de véhicules ici aux Etats-Unis", prévient néanmoins Ford.
Le groupe de Dearborn (Michigan) n'a en revanche pas renoncé à la délocalisation programmée des autres usines de petites voitures au Mexique où le coût de la main d'oeuvre est bon marché. Le groupe y produit déjà, sur le site d'Hermosillo, la berline Lincoln MKZ.
Il a annoncé début avril un investissement de 1,6 milliard de dollars dans un nouveau site mexicain, qui va produire dans les prochaines années le très rentable Ford Focus, prisé par les jeunes aux budgets limités et les loueurs de voitures.
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