"Vous pouvez être rassurés, RTD a un bel avenir devant lui !", a lancé le ministre lors d'une visite sur le site du groupe à Fourchambault (Nièvre).
L'armée française va acheter 3.700 véhicules légers tout-terrain pour plus de 500 millions d'euros et le Koweït 300 véhicules lourds pour 270 millions d'euros, a-t-il détaillé sans donner les montants définitifs.
Le total des deux commandes dépasse les 800 millions d'euros, a-t-on précisé de source proche du dossier, une dote de taille pour un groupe dont le chiffre d'affaires annuel s'élève à environ 500 millions d'euros.
Les véhicules commandés par l'armée française sont des 4x4 de type VLTP-NP (véhicules légers tactiques polyvalents) montés sur un châssis Ford militarisé et équipés d'un système radio et d'armement.
Il seront construits à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le site de Fourchambault fournissant la logistique. "Cela représente quatre années de charge pour l'usine de Saint-Nazaire", a-t-on précisé chez RTD.
Renault Trucks Defense, qui a dévoilé jeudi son nouveau véhicule, en livrera les 500 premiers exemplaires en 2017, suivis de 1.000 autres en 2018. Ils remplaceront progressivement des véhicules souvent vétustes, comme le légendaire P4 produit par Peugeot et entré service en 1983.
L'armée, engagée sur de multiples théâtres d'opération, a estimé ses besoins à 4.200 exemplaires sur ce segment, notamment pour l'opération Sentinelle initiée sur le territoire national après les attentats de janvier 2015. Dans l'urgence, elle avait déjà commandé un millier de 4X4 américains Ford Ranger sur étagère en 2015.
Avec le contrat koweïtien, RTD - qui possède les marques RTD, Acmat et Panhard - prend aussi un peu plus ses marques à l'export après la commande de 1.500 camions logistiques par l'armée canadienne en 2015.
Ces marchés tombent aussi à point nommé pour le constructeur que le numéro deux mondial des poids-lourds Volvo a décidé de mettre en vente en novembre, à la surprise des syndicats, avec le reste de ses activités de défense.
Vigilance extrême
Jean-Yves Le Drian a assuré qu'il veillerait à ce que RTD, "un élément majeur de notre souveraineté", soit cédé dans de bonnes conditions. "Je serai extrêmement vigilant pour que le processus de cession prenne bien en considération l'avenir de RTD", a-t-il dit.
"Il y a une volonté du gouvernement, de moi-même de faire en sorte que cet outil stratégique demeure vraiment sous maîtrise", a-t-il souligné, Paris s'opposant notamment à une cession à un fond d'investissement.
La France est favorable à une solution qui renforce la filière européenne des armements terrestres et qui pourrait passer par un rapprochement avec le groupe KNDS né de l'alliance entre le français Nexter et l'allemand KMW en 2015.
"RTD et KNDS sont très complémentaires, l'un sur les petits véhicules, l'autre sur les véhicules blindés" (Nexter fabrique le char Leclerc et KMW le Leopard), relève-t-on de source gouvernementale proche du dossier.
"Ils pourraient unir leurs forces commerciales, sont déjà partenaires sur Scorpion", le nouveau programme de blindés pour l'armée de Terre française, ajoute-t-on de même source.
S'il était racheté par KNDS, Renault Trucks Defense resterait contrôlé à 50% par les Français de Nexter, l'autre part revenant à l'allemand KMW (Krauss-Maffei Wegmann).
La décision appartient in fine au groupe Volvo. En passant commande de 3.700 véhicules sur plusieurs années, la France dispose toutefois d'un levier pour faire valoir ses intérêts, souligne-t-on de même source.
Renault Trucks Defense va aussi livrer 450 véhicules légers et lourds aux forces spéciales françaises et rénove le parc de VAB, véhicules de l'avant blindés, en service depuis 40 ans, dont l'armée de Terre possède encore 2.600 exemplaires.
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