GM&S: des salariés allument des feux dans les ateliers

Des salariés de l'équipementier automobile GM&S, menacé de liquidation, ont allumé mardi des feux de pneus et de palettes dans leur usine à La Souterraine (Creuse) qu'ils ont décidé d'occuper, jugeant "catastrophiques" les négociations en cours pour la reprise du site, a-t-on appris de sources concordantes.

"Le foutage de gueule, ça commence à bien faire. L'usine a commencé à brûler partiellement", a déclaré lors d'une assemblée générale du personnel Yann Augras, élu CGT et secrétaire du comité d'entreprise (CE).

Alors qu'une réunion de la cellule de crise se tenait à Paris entre le ministère de l'Economie, les constructeurs automobiles clients de GM&S, et les syndicats, des ouvriers contenaient dans des bennes des feux allumés avec des pneus, des palettes et des cartons, près des machines, pour éviter leur propagation, a constaté une correspondante de l'AFP.

Une épaisse fumée noire s'échappait des bâtiments. Les ouvriers ont interdit l'accès de l'usine aux élus, pompiers et gendarmes.

"Tant qu'ils n'auront pas eu de réponses concrètes à nos questions, nos quatre collègues à Bercy ne quitteront pas le ministère. Ils ont besoin de notre soutien et s'il le faut, on restera la nuit entière", a poursuivi M. Augras devant près de 200 personnes.

"A ce stade, sur notre dossier, c'est zéro avancée. Le ministère leur a dit en gros qu'il va falloir accepter le couperet de vendredi. Ca veut dire qu'on ne sait même pas s'il y aura une reprise. Ils s'apprêtent à reprendre la discussion. On va rentrer dans une lutte difficile", a-t-il prévenu.

De son côté, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a estimé qu'il n'y avait "pas un instant à perdre" pour qu'une offre ferme soit déposée sur GM&S Industry, et a assuré mobiliser "toutes les énergies" pour y parvenir.

Le tribunal de commerce de Poitiers doit rendre vendredi sa décision sur le sort de GM&S Industry, sous-traitante notamment de Renault et PSA Peugeot, avec l'examen de l'offre de reprise de l'emboutisseur stéphanois GMD. Ce dernier a exprimé son intérêt pour l'équipementier creusois mais n'avait toujours pas déposé d'offre en bonne et due forme lundi.

"Le syndicat essaye de maîtriser la colère des salariés mais à ce rythme, GMD n'aura bientôt plus rien à acheter", a prévenu Franck Cariat, responsable sécurité de l'entreprise et syndicaliste CGT.

GM&S, emboutisseur/soudeur/assembleur de La Souterraine, deuxième employeur privé de la Creuse avec 277 salariés, a déjà passé six mois en redressement judiciaire, et traverse son troisième redressement judiciaire en huit ans.

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