GM : bénéfices, primes... et 14000 licenciements

General Motors (GM) va verser une prime exceptionnelle à ses employés américains après avoir enregistré de gros bénéfices en 2018, en dépit d'un environnement volatil marqué de tensions commerciales entre Pékin et Washington et alors que le constructeur procède au licenciement de 14 000 salariés.

Les 46.500 salariés à temps plein du groupe vont recevoir un chèque pouvant aller jusqu'à 10.750 dollars à compter du 22 février, a indiqué le premier constructeur automobile américain. C'est moins que le bonus de 11.500 dollars qui leur avait été accordé en 2018.

"Quand GM enregistre de bons résultats, nos employés à temps plein aux Etats-Unis en partagent les fruits", a déclaré la PDG Mary Barra, alors que le géant de Detroit a procédé cette semaine à la suppression de quelque 4.000 emplois dans le cadre d'une vaste restructuration annoncée en novembre dernier pour économiser 6 milliards de dollars.

Cette cure d'austérité prévoit une suppression globale de 14.000 emplois, en cessant la production de voitures compactes (berlines et citadines) sur sept sites: un à Oshawa au Canada, quatre aux Etats-Unis et deux en dehors de l'Amérique du Nord.

Cette décision a été fortement critiquée par le gouvernement canadien, tandis que le président américain Donald Trump a menacé de couper les "subventions" à GM.

Le constructeur automobile est repassé dans le vert en 2018, dégageant un bénéfice net de 8,01 milliards de dollars, dont 2,04 milliards au quatrième trimestre. L'année 2017 avait été plombée par de lourdes charges fiscales, ce qui avait entraîné une perte nette de 3,86 milliards de dollars.

Une fois exclus les éléments exceptionnels, GM a gagné 6,54 dollars par action, bien mieux que les 6,29 dollars espérés par les marchés.

A Wall Street, le titre gagnait 1,31% vers 15H25 GMT.

 

Facture commerciale salée

Tous les bénéfices du géant de Detroit ont été réalisés en Amérique du Nord et en particulier aux Etats-Unis, où il a écoulé 3 millions de véhicules l'an dernier.

Dans cette région, le prix moyen d'un achat de voiture a atteint 36.974 dollars, "un record", les consommateurs américains plébiscitant les grosses voitures, comme les pickups Chevrolet Silverado et Colorado et les pickups plus massifs GMC Sierra et Canyon. Les ventes combinées de ces quatre modèles ont augmenté de 3% sur un an.

Le chiffre d'affaires annuel de 147,05 milliards (+1%), dont 38,4 milliards au quatrième trimestre, est ainsi supérieur aux 145,32 milliards espérés par les marchés.

Le groupe automobile aux quatre marques -- Chevrolet, Cadillac, Buick et GMC -- a par ailleurs confirmé son principal objectif financier 2019 d'un bénéfice par action ajusté compris entre 6,50 et 7 dollars, en dépit d'un déclin attendu des ventes de voitures en Chine et d'un plafonnement aux Etats-Unis, les deux premiers marchés automobiles au monde.

"Nous anticipons une stagnation des ventes automobiles en Chine", a déclaré mercredi la directrice financière Dhivya Suryadevara, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes. Mais "quand on regarde les derniers indicateurs économiques publiés par la Chine, on décèle des signaux montrant une stabilisation" de l'économie, a-t-elle nuancé par la suite.

L'an dernier, les ventes de voitures neuves ont reculé pour la première fois depuis deux décennies en Chine, après le retrait de rabais fiscaux et sur fond de guerre commerciale sino-américaine.

Dans cette morosité générale, GM a enregistré une baisse des ventes de 9,9%, contre une chute de 37% pour son compatriote et rival Ford. Cadillac, sa marque haut de gamme, a réussi à tirer son épingle du jeu en dépassant pour la première fois le seuil symbolique de 200.000 unités vendues sur une année, en hausse de 17,2%.

Le groupe, qui veut introduire 20 nouveaux modèles en Chine en 2019 pour attirer les consommateurs, est par ailleurs confronté à une hausse des coûts, notamment des matériaux (acier et aluminium), en raison des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

La facture devrait être d'un milliard de dollars cette année, a estimé Dhivya Suryadevara après déjà un milliard en 2018.

"C'est un environnement volatil", a-t-elle conclu.

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© 2019AFP