"Le ferroviaire est un mode de mobilité performant en termes d'émissions de CO2. Être parmi les meilleurs est un atout, devenir encore meilleur et atteindre l'excellence est un vrai défi", lance Bernard Torrin, directeur du développement durable de SNCF Réseau --le gestionnaire des voies ferrées et bientôt des gares.
Mais pour le réseau, qui représente environ 15% des émission de CO2 du groupe SNCF, "c'est un sujet encore balbutiant", reconnaît-il.
Le secteur des transports est responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre en France. Le train, lui, émet moins de 1% du total alors qu'il transporte 10% des voyageurs et des marchandises.
"Il faut déjà être capable de mesurer ce que l'on fait aujourd'hui. Et force est de constater que l'on mesure peu ou mal", constate le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet, annonçant le lancement l'an prochain d'un système de calcul fiable.
"Il faut maintenant que tous nos systèmes, quels qu'ils soient, soient conçus de manière à émettre le moins de carbone possible", souligne M. Jeantet. Cela passera par un choix de matériaux adéquat et par la recherche de méthodes de construction plus frugales.
SNCF Réseau dépense entre 5 et 6 milliards d'euros par an sur quelque 1.500 chantiers.
La branche de la SNCF doit donc traiter une quantité impressionnante de matériaux, "des ressources qui elles-mêmes sont émettrices de carbone", remarque M. Torrin. Elle achète par exemple 180.000 tonnes d'acier par an pour ses rails, et ce matériau représente à lui seul 30% des émissions de SNCF Réseau.
Rails recyclés
Le problème est le même pour les traverses en béton, le ballast... "L'achat de tous ces matériaux, leur transport, leur pose, la gestion de leur cycle de fin de vie, ça pèse pour quasiment deux tiers des émissions de carbone" de SNCF Réseau, expose Bernard Torrin.
L'entreprise dit vouloir recycler davantage. Des rails d'une ligne à grande vitesse peuvent ainsi être réutilisés sur une petite ligne. L'expérience a déjà été faite sur Carcassonne-Limoux (Aude) et doit bientôt être répétée sur la ligne de la Côte bleue dans les Bouches-du-Rhône, selon le responsable.
De même, le bois --extrait de forêts "durablement gérées"-- fait son grand retour face au béton, pour les traverses, les quais de gare ou les passerelles.
Plus généralement, expose le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet, il convient pour faire circuler plus de trains de rendre les infrastructures plus performantes. "En matière de stratégie bas carbone, il faut d'abord privilégier le réseau existant", souligne-t-il.
S'il faut quatre ans pour effacer l'impact carbone des travaux de remise à niveau d'une ligne existante, la durée est de dix-huit ans pour une ligne à grande vitesse. Ajouter une bonne dose de technologie, notamment dans la signalisation, permet donc de différer de coûteux investissements tout en faisant une bonne action pour la planète, expose-t-il.
Le dirigeant promet en outre des efforts dans la gestion de la flotte automobile de SNCF Réseau, tandis qu'il voit "un enjeu très important" dans la rénovation de son important patrimoine immobilier.
L'objectif est d'atteindre la neutralité carbone en 2035. "On a une activité, donc on continuera à émettre. Le carbone qu'on continuera à émettre, il falloir qu'on le compense", note Bernard Torrin. La solution peut notamment venir des vastes terrains de la SNCF, qui pourraient être valorisés.