Ford s'attend à être moins rentable en 2019, l'action dans le rouge

Ford a prévenu mercredi qu'il serait moins rentable que prévu en 2019 en raison d'une hausse plus importante que prévu des coûts en Amérique du Nord et d'une baisse des volumes de ventes de voitures anticipée en Chine.

Le constructeur automobile américain table désormais sur un bénéfice opérationnel compris entre 6,5 et 7 milliards de dollars, contre une prévision de 7,5 milliards précédemment, ce qui provoquait le recul de plus de 3% de l'action dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance à Wall Street.

Le bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, devrait, lui, être de 1,20 à 1,32 dollar, contre une fourchette de 1,20 à 1,35 dollar communiqué en juillet.

La marque à l'ovale bleu attribue son pessimisme à des "vents contraires" apparus au début du quatrième trimestre: "Des coûts élevés liés aux garanties accompagnant les voitures", "des promotions et rabais plus importants que prévu en Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada et Mexique)" et "de faibles volumes (de ventes) en Chine".

La forte concurrence entre constructeurs automobiles dans le segment à fortes marges des camionnettes à plateau (pickups) aux Etats-Unis force Ford à proposer d'importants rabais et autres avantages pour séduire les consommateurs.

Les pickups F-series (F-150) font face aussi bien aux Chevrolet Silverado et GMC Sierra (General Motors) qu'aux RAM (Fiat Chrysler).

 

Rebondir en Europe

En Chine, où la perte a été de 281 millions de dollars au troisième trimestre, Ford a vu la demande pour ses voitures s'écrouler, en raison du ralentissement économique et des tensions commerciales.

Le constructeur y est en train d'introduire de nouveaux modèles et prévoit d'y lancer une flopée de voitures électriques et des voitures à bas prix dans les prochaines années pour regagner les parts de marché perdues.

Le groupe insiste toutefois sur le fait que sa vaste restructuration est en train de porter ses fruits en Europe, où il a pourtant accusé une perte opérationnelle de 179 millions de dollars lors du troisième trimestre.

Ford explique y compter sur ses véhicules commerciaux (les utilitaires Transit notamment) pour inverser la mauvaise dynamique actuelle.

Lors du troisième trimestre écoulé, le bénéfice net a chuté de 57%, à 425 millions de dollars, Ford invoquant de lourdes charges d'un montant total de 1,5 milliard de dollars, venant principalement de sa coentreprise en Inde avec le groupe Mahindra & Mahindra.

Hormis ces éléments exceptionnels, le bénéfice par action ajusté est ressorti à 34 cents, supérieur aux 26 cents attendus en moyenne par les analystes financiers.

Tiré par les ventes des grosses voitures (pickups et SUV) aux Etats-Unis, le bénéfice opérationnel s'élève à 1,8 milliard de dollars tandis que le chiffre d'affaires a diminué de 1,80%, à 36,99 milliards, contre 36,87 milliards escomptés.

Les revenus générés par les ventes de voitures ont baissé de 2,1%, à 33,93 milliards de dollars, inférieur aux 33,98 milliards anticipés.

Ford a lancé en juin une cure d'austérité en Europe comprenant la suppression de 12.000 emplois et la fermeture de six usines d'ici fin 2020 tandis qu'il va arrêter la production de citadines et berlines aux Etats-Unis.

En Amérique du Sud, le constructeur a abandonné son activité de poids lourds avec, pour conséquence, l'arrêt dès cette année de la production d'une usine au Brésil.

Cette cure d'amaigrissement est censée lui coûter 11 milliards de dollars, selon les calculs du PDG Jim Hackett, qui essaie de redonner un nouvel élan au groupe de Dearborn (Michigan, nord) en retard dans les véhicules électriques et autonomes.

Jugeant que cette restructuration allait être "longue" et "coûteuse", l'agence de notation Moody's a abaissé en septembre la note de solidité financière de l'entreprise.

"L'étendue de cette restructuration est énorme et difficile. Elle va s'étendre au moins jusqu'en 2023", expliquait alors Moody's.

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© 2019AFP