Renault s'engage pour Maubeuge et obtient son prêt de 5 milliards (+vidéo)

Le gouvernement français a validé mardi un prêt garanti de 5 milliards d'euros pour aider le constructeur automobile Renault à surmonter la crise du coronavirus, estimant avoir levé les doutes sur l'avenir du site de Maubeuge.

En difficulté financière et victime de l'effondrement du marché automobile, Renault avait annoncé vendredi la suppression de 15.000 emplois dans le monde, dont 4.600 en France, avec des départs volontaires et sans licenciements, dans le cadre d'un plan d'économie jusqu'en 2023.

L'entreprise avait sollicité en avril un crédit garanti par l'État, premier actionnaire du groupe, mais le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait jusqu'ici réservé sa signature, réclamant une amélioration du dialogue social et des engagements sur l'emploi en France, notamment à l'usine de Maubeuge (Nord), menacée par un projet de fusion avec le site de Douai, à 70 km de distance.

"Nous avons demandé à Renault de préserver l'emploi et les capacités industrielles à Maubeuge au-delà de 2023, et nous avons obtenu un accord sur ce sujet", s'est félicité mardi M. Le Maire lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

 

"L'enjeu, c'est la survie"

"Je signerai à la suite de cet accord le prêt garanti par l'État de 5 milliards d'euros, a-t-il ajouté. Renault perd de l'argent chaque mois, (...) des centaines de millions d'euros (...). L'enjeu aujourd'hui, c'est la survie".

Le ministre avait rencontré dans la matinée des représentants syndicaux et la direction du groupe au losange ainsi que des élus locaux.

"C'est une bonne nouvelle. L'État nous soutient et j'en suis très reconnaissant", a réagi le président de Renault Jean-Dominique Senard sur France Info. Ce prêt bancaire garanti, "si nous l'utilisons, sera remboursé par Renault. Nous nous ferons un point d'honneur à ce qu'aucun euro du contribuable ne soit utilisé pour Renault", a-t-il souligné.

M. Senard a également rappelé que le plan annoncé vendredi n'était pas lié à la pandémie de Covid-19, mais était prévu avant la crise pour rationaliser un outil de production devenu surdimensionné.

Dans le cadre de ce plan d'économies de 2 milliards d'euros, le groupe au losange envisage notamment de transférer la production des utilitaires électriques Kangoo de l'usine de Maubeuge (1.700 salariés, 2.100 avec les intérimaires) vers celle de Douai.

Mais, aucune décision ne sera prise sur des transferts d'activité tant qu'un projet d'avenir pour le site n'aura pas été approuvé, a indiqué Bercy, en annonçant un démarrage des discussions la semaine prochaine.

Une nouvelle réunion, avec les mêmes participants que mardi, est par ailleurs prévue en septembre "pour faire le point", a-t-on précisé de même source.

Samedi, des milliers de personnes avaient manifesté à Maubeuge où l'usine Renault est à l'arrêt depuis vendredi matin.

"Le ministre a bien compris la détermination de tout le monde et clairement entendu le message", s'est félicité Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France.

 

"Pas que Maubeuge"

L'accord annoncé mardi est "une grande victoire", s'est réjoui Jérôme Delvaux, secrétaire du syndicat CGT. "Au-delà du maintien des 2.100 salariés, il y a aussi un engagement pour trouver un nouveau véhicule à construire pour garantir l'emploi au-delà de 2023", à l'issue du plan d'économie, a-t-il déclaré à l'AFP.

"On est rassurés, c'est vrai que c'est ce qu'on attendait, la sauvegarde des emplois. (...) Maintenant à voir dans l'avenir. Si tout va continuer sur ce qui a été engagé", a réagi Harmonie Coder, 32 ans, une employée nouvellement embauchée.

"Cela va dans le bon sens, sauf que dans le contexte, il n'y a pas que Maubeuge", a estimé Franck Daoût, délégué central CFDT.

Sur les 14 sites industriels de Renault dans l'Hexagone, un seul est définitivement voué à la fermeture, celui de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) dont les salariés ont fait grève mardi contre le transfert de l'activité de recyclage prévu vers Flins (Yvelines).

L'inquiétude reste forte à la Fonderie de Bretagne (près de 400 salariés) de Caudan (Morbihan) que Renault compte céder, tout comme à l'usine de Dieppe (400 salariés également), en Seine-Maritime, promise à "une reconversion à la fin de la production de l'Alpine A110".

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