La Commission européenne doit annoncer mardi son arbitrage sur la révision de cette interdiction, alors que plusieurs pays comme l'Allemagne et l'Italie font campagne pour qu'elle soit fortement amendée.
Un autre camp, comprenant la France, les pays nordiques et l'Espagne appellent au contraire à tenir l'objectif, afin de ne pas pénaliser les constructeurs qui ont déjà investi lourdement dans la transition vers le tout-électrique, et de ne pas tuer dans l'oeuf la filière des batteries électriques, en plein développement notamment en France.
Le gouvernement espagnol a mis en garde la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, dans un courrier envoyé jeudi et consulté vendredi par l'AFP.
"Tout assouplissement supplémentaire risquerait de retarder fortement les investissements dans la modernisation (du secteur automobile, ndlr), en réduisant la demande pour les véhicules électriques, ce qui affecterait directement la compétitivité de l'industrie automobile et des équipementiers", prévient le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez.
Les constructeurs européens réclament depuis des mois plus de "flexibilité" dans le passage au tout-électrique, se disant laminés par une concurrence féroce de leurs rivaux chinois, et une demande plus faible qu'attendue en Europe pour les véhicules électriques.
La démarche de Madrid intervient alors que le chef de la droite européenne, l'eurodéputé allemand Manfred Weber, a affirmé au quotidien Bild que la Commission était prête à abandonner l'objectif de 2035.
"Pour les nouvelles immatriculations de véhicules à partir de 2035, une réduction de 90% des émissions de CO2 sera désormais obligatoire pour les objectifs des constructeurs automobiles en matière de flotte, au lieu des 100% précédents. Il n'y aura pas non plus d'objectif de 100% à partir de 2040", a-t-il avancé. "Cela signifie que l'interdiction technologique des moteurs à combustion est écartée", a-t-il encore lancé.
Une source au sein de l'exécutif européen a aussi évoqué auprès de l'AFP ce nouvel objectif de réduction de 90% en 2035. Les voitures hybrides rechargeables ou celles munies de prolongateurs d'autonomie resteraient autorisées.
Des responsables de la Commission invitent toutefois à la prudence, soulignant que rien n'est tranché.
"Il y a une demande claire de plus de flexibilité sur les objectifs de CO2", a reconnu Paula Pinho, porte-parole de la Commission, lors d'une conférence de presse vendredi, assurant que Bruxelles "cherche un équilibre".