ZFE : les Français inquiets et pas prêts

Le déploiement des zones à faibles émissions (ZFE) pour lutter contre la pollution de l'air dans les grandes agglomérations rencontre une "très faible acceptabilité" de la population, 86% des particuliers y étant défavorables, rapporte le Sénat jeudi.

Une consultation en ligne lancée du 17 avril au 14 mai sur le sujet a reçu plus de 51.300 réponses de citoyens, un "record" selon les sénateurs. 93% des répondants sont des particuliers, les 7% restants des professionnels.

"Ce +succès+ témoigne des nombreuses inquiétudes que ce dispositif génère chez les Français, même s'il s'agit d'une consultation basée sur le principe du volontariat et non d'un sondage représentatif", a expliqué lors d'un point presse le sénateur des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot (LR), rapporteur de la mission de contrôle sur les ZFE qui doit rendre ses conclusions mi-juin.

Une généralisation des ZFE en France est prévue par la loi d'ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants.

A ce jour, onze métropoles, dont les premières ont été Lyon, Grenoble et Paris, ont leurs ZFE avec des calendriers différents.

Au total, 86% des particuliers et 79% des professionnels ayant répondu à la vingtaine de questions posées par les sénateurs se disent opposés au déploiement des ZFE.

"Il s'agit d'une mesure technocratique qui de surcroît crée une véritable rupture d'égalité d'accès au centre-ville selon que vous soyez aisé ou non", lit-on parmi les témoignages.

Parmi les enseignements identifiés par un spécialiste de la donnée, plus un répondant vit loin du centre de l'agglomération, plus il a tendance à être défavorable aux ZFE. Seuls 8% des habitants de communes rurales y sont favorables, contre 23% des habitants de centre-ville.

Le fait de disposer de solutions alternatives à la voiture influence par ailleurs fortement les réponses.

Enfin, le ressenti varie beaucoup selon la catégorie socioprofessionnelle, 25% des cadres étant favorables aux ZFE contre 11% des employés et 4% des ouvriers.

Le premier frein au déploiement des ZFE réside dans le coût d'acquisition des véhicules propres, jugé trop élevé pour 77% des particuliers, devant l'accessibilité insuffisante des métropoles depuis les zones périurbaines ou rurales (51%) et l'insuffisance d'offres de transports alternatifs (42%).

Malgré la menace, à terme, d'une amende, 83% des particuliers n'envisagent pas pour autant de changer de véhicule.

"Il est évident qu'il y a une désynchronisation entre le calendrier des ZFE et l'avancée des alternatives à la voiture, et l'idée est de se dire qu'il faut synchroniser l'accélération des mesures d'accompagnement", a commenté M. Tabarot.

© 2023AFP