Volkswagen un peu plus optimiste pour 2016, malgré Audi

Le géant européen de l'automobile Volkswagen s'est montré jeudi plus optimiste pour son exercice 2016, même s'il reste marqué par le scandale du diesel, qui pèse de plus en plus sur sa marque haut de gamme Audi.

Le groupe allemand n'en a pas encore fini avec les retombées du dieselgate, mais ses résultats au troisième trimestre montrent qu'il est parvenu à se remettre en selle un an après la révélation de sa tricherie sur 11 millions de véhicules dans le monde destinée à fausser les résultats des tests antipollution.

Entre juillet et septembre, le groupe de Wolfsburg (nord) a dégagé un bénéfice net de 2,28 milliards d'euros.

C'est un peu moins qu'attendu par les analystes, mais nettement plus qu'un an plus tôt, quand les provisions mises de côté pour faire face au dieselgate lui avaient valu une perte nette de 1,73 milliard d'euros.

Pour le trimestre qui vient de s'achever, Volkswagen a encore dû remettre au pot (environ 400 millions d'euros), faisant monter le total des provisions liées au scandale à 18,2 milliards d'euros.

Tiré par la Chine, son chiffre d'affaires a progressé pendant l'été de 1%, à près de 52 milliards d'euros, conformément aux attentes.

Au niveau opérationnel, Volkswagen a fait mieux qu'escompté avec un bénéfice d'exploitation Ebit de 3,3 milliards d'euros.

 

Ombres au tableau

Fort de ces résultats, le groupe s'est montré plus confiant pour l'année en cours. Il attend désormais une marge opérationnelle, mesure de sa rentabilité, "dans le haut" de la fourchette de 5% à 6% déjà communiquée et pense que son chiffre d'affaires "peut atteindre le niveau de l'an dernier", alors qu'il évoquait jusqu'ici un repli de jusqu'à 5%.

Volkswagen semble voir la lumière au bout du tunnel après l'onde de choc provoquée par sa tromperie, qui a écorné son image, entraîné une perte annuelle en 2015, accéléré un revirement stratégique vers l'électrique et accru la nécessité d'augmenter la rentabilité de la marque phare Volkswagen, pour laquelle un plan de réorganisation est en préparation.

Aux Etats-Unis, où a éclaté le scandale en septembre 2015, la justice a approuvé mardi le plan d'indemnisation de près de 15 milliards de dollars soumis par le constructeur pour solder une partie du litige. Volkswagen reste cependant poursuivi au pénal et doit encore trouver une solution pour quelque 80.000 véhicules supplémentaires de 3 litres de cylindrée de marques Audi et Porsche qui ne sont pas couverts par l'accord.

Le groupe est par ailleurs toujours confronté à une cascade de poursuites et d'enquêtes dans le reste du monde. Fin septembre, des investisseurs ont déposé en Allemagne environ 1.400 plaintes pour réclamer 8,2 milliards d'euros au groupe en dédommagement du scandale du diesel.

La Commission européenne réclame quant à elle au constructeur allemand des garanties supplémentaires pour les 8,5 millions de clients européens affectés par le scandale, clients que Volkswagen ne prévoyait pas de dédommager financièrement, contrairement à ce qu'il fait aux Etats-Unis. Un responsable de Volkswagen, Francisco Javier Garcia Sanz, a rencontré jeudi à Bruxelles la commissaire européenne à la Justice, Vera Jourova, et a accepté de faire prochainement de nouvelles propositions pour répondre davantage aux réclamations de Bruxelles.

 

Avertissement chez Audi

Autre ombre au tableau: la marque haut de gamme Audi a émis jeudi un avertissement sur résultats en raison du dieselgate, qui concerne certains de ses modèles, et du rappel de voitures pour un problème d'airbags fournis par le japonais Takata.

La marque aux anneaux, plus gros contributeur au bénéfice opérationnel du groupe Volkswagen, attend désormais une marge opérationnelle "considérablement" en dessous de la fourchette de 8 à 10%, et pas seulement "légèrement" comme escompté jusqu'ici.

Le nom du fabricant bavarois est de plus en plus évoqué par la presse, à la recherche des responsabilités dans le scandale.

A la Bourse de Francfort, l'action Volkswagen a finalement cédé sur la séance de jeudi 0,28% à 125,65 euros dans un marché resté presque à l'équilibre.

Michael Punzet, analyste de DZ Bank, se dit "sceptique" étant donné "les incertitudes qui restent sur le dieselgate et la détérioration de la qualité des bénéfices" de Volkswagen.

Son confrère de Nord/LB, Frank Schwope, table sur un coût total du scandale du diesel pour Volkswagen entre 25 et 35 milliards d'euros.

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