Volkswagen : patron sauvé, virage électrique renforcé

Le patron de Volkswagen a une fois de plus sauvé sa tête: Herbert Diess a été confirmé jeudi à la direction du géant automobile, qui va doper ses investissements dans la voiture du futur et espère en finir avec des mois de turbulences internes.

Sur les cinq prochaines années, le groupe allemand va investir 89 milliards d'euros pour s'affirmer dans la course à la voiture du futur actuellement dominée par l'américain Tesla.

"Nous sommes engagés dans la plus grande transformation de l'histoire du groupe Volkswagen", a commenté le patron Herbert Diess, au coeur ces derniers mois d'un violent conflit avec les représentants du personnel.

Pour tenter de mettre fin à cette crise de gouvernance, sur fond de virage vers la mobilité électrique, le conseil de surveillance a annoncé jeudi un mini remaniement à la direction du groupe, dans un esprit de compromis.

Principal changement: M. Diess va céder la responsabilité des opérations en Chine, marché stratégique, à un autre poids lourd de l'entreprise, le responsable de la marque VW, Ralf Brandstätter, qui rejoint également le conseil d'administration.

En compensation, le patron de 63 ans va directement superviser l'entité Cariad, unité de Volkswagen chargée de coder les logiciels au coeur de la révolution électrique et connectée engagée par la filière automobile.

"Ce n'était pas formidable pour l'entreprise", a concédé le président du conseil de surveillance Hans-Dieter Pötsch à propos des récentes turbulences internes qui ont semé le doute chez les investisseurs.

Avec ces ajustements, "le calme doit revenir", a promis la présidente du comité d'entreprise Daniela Cavallo dans une lettre aux employés.

 

Diess se "sent renforcé"

Herbert Diess et les représentants syndicaux de Volkswagen se sont affrontés ces dernières semaines sur le style de gestion et la stratégie d'électrification du bouillant patron, qui a pris le volant de Volkswagen en 2018.

M. Diess, favori des marchés financiers, n'a jamais caché son ambition de "casser les structures anciennes et sclérosées" qui, selon lui, freinent le géant dans sa reconversion. Il a frôlé le limogeage à plusieurs reprises.

L'Autrichien avait déjà dû céder l'année dernière la responsabilité de la marque VW à M. Brandstätter après des semaines de querelles entre les puissants dirigeants syndicaux et différents responsables de l'entreprise sur le rythme et l'ampleur des plans de réduction de coûts.

Dernier accrochage en date: Herbert Diess avait averti que 30.000 emplois pourraient être supprimés en cas de blocage dans la mise en oeuvre de la transition industrielle. Ces propos avaient mis le feu aux poudres.

La fascination du grand patron pour Tesla et son affichage sur les réseaux sociaux avaient fini par agacer les salariés.

Evoqué en interne et relayé dans la presse, son départ aurait été "particulièrement ironique" alors que "l'ensemble du plan d'investissement qui a été décidé repose sur la stratégie Diess", observe Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research à Duisbourg (ouest).

"Je me sens renforcé", a assuré l'intéressé jeudi lors d'une conférence de presse, assurant "n'avoir jamais perdu la motivation" au fil du conflit.

 

Wolfsburg électrique

"Il y aura des suppressions de postes" mais de manière "socialement acceptable" notamment via des départs à la retraite, a expliqué jeudi Daniela Cavallo.

Le géant aux douze marques va consacrer 56% du total de ses investissements de 159 milliards d'euros aux technologies clés du futur, contre 50% pour la période entre 2020 et 2024.

"Un voiture vendue sur quatre" sera électrique en 2026, estime le groupe.

L'investissement dans l'électrique progresse de 50% à 52 milliards d'euros, tandis que les fonds alloués à l'hybride -- qualifié de "technologie de transition" -- diminuent de 30% à 8 milliards d'euros.

De l'argent est également nécessaire pour financer l'ouverture, avec des partenaires industriels, de six méga-usines de cellules de batteries en Europe dans les prochaines années.

La transformation numérique coûtera quelque 30 milliards d'euros.

Pour répondre à la forte demande électrique, la production du modèle phare ID.3, actuellement à Zwickau, va également démarrer en 2024 sur le site historique de Wolfsburg, où aucun modèle électrique n'est produit pour l'instant. Il s'agissait d'une demande centrale du comité d'entreprise.

La future berline électrique et connectée, baptisée Trinity, que Volkswagen prévoit de commercialiser en 2026, sera elle produite dans une nouvelle usine à proximité de Wolfsburg.

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© 2021AFP