Volkswagen devrait rater les normes d'émissions de CO2 en 2020

Le premier groupe automobile mondial Volkswagen devrait échouer en 2020 à atteindre les normes européennes d'émissions de CO2 et n'est pas assuré d'y parvenir en 2021, a indiqué son patron Herbert Diess, ce qui pourrait entraîner de lourdes sanctions.

"On travaille d'arrache-pied pour être aussi proche que possible des objectifs", a-t-il expliqué à l'hebdomadaire Wirtschaftswoche dans un article publié vendredi, balayant par ailleurs des spéculations autour d'un départ anticipé sur fond de conflit ouvert avec les puissants représentants des salariés.

Avec la démocratisation des voitures électriques, "l'année prochaine sera plus facile et nous n'aurons pas de problèmes pour atteindre les objectifs à partir de 2022", a détaillé Herbert Diess.

L'industrie automobile, malmenée par la pandémie de coronavirus, se trouve à un tournant: dès cette année, les constructeurs doivent afficher sur leur flotte de voitures neuves vendues en Europe des émissions moyennes de CO2 inférieures à 95 grammes par kilomètre -- un objectif impossible à atteindre sans une hausse significative des ventes de voitures électriques ou hybrides.

Si ces règles ne sont pas respectées en 2020 et 2021, la Commission européenne peut imposer des amendes atteignant, pour les plus gros groupes, des milliards d'euros.

Le mois dernier, le patron du géant allemand avait dit, dans une interview au Financial Times, espérer se situer "à un gramme environ" des normes anti-pollution.

Il a également mis en garde contre la tentation de durcir encore les règles alors que Volkswagen pourra difficilement accélérer sa production de véhicules électriques avant 2025, car "il n'y a pas assez de batteries".

"Nous pouvons accélérer encore entre 2025 et 2030", a-t-il cependant assuré à Wirtschatswoche.

Du côté des deux autres principaux constructeurs allemands, Daimler estime être "très proche" d'atteindre les objectifs et BMW assure qu'il les "respectera".

Volkswagen, qui investit plus de 35 milliards d'euros dans l'électrique, "a commencé relativement tard" le virage vers cette technologie, estime le patron.

Le groupe compte proposer d'ici 2030 70 modèles électriques pour vendre 26 millions d'unités en dix ans. La plupart utilisera la plateforme technologique "MEB" inaugurée par le modèle "ID.3", une compacte vendue depuis le printemps.

Mais ce modèle, crucial pour la stratégie électrique, est également une des raisons des tensions qui secouent le groupe. Après une attaque inhabituellement violente des syndicats, qui ont fustigé dans une lettre ouverte des "erreurs massives de gestion", M. Diess avait perdu en juin la direction directe de la marque éponyme VW.

Depuis, M. Diess, qui a promis de "casser des structures anciennes et sclérosées", et Bernd Osterloh, puissant directeur du comité d'entreprise, qui siège au conseil de surveillance, ont affiché leur harmonie -- mais les conflits n'ont pas vraiment été enterrés.

"J'ai un contrat jusqu'en 2023 et je prévois de le remplir", a affirmé le patron du groupe à Wirtschaftswoche, se disant "confiant qu'une solution sera trouvée dans les prochaines semaines" sur des nominations clés au directoire, sources de tensions.

Une réunion de la présidence du conseil de surveillance du constructeur mardi soir n'a pas abouti à une décision concernant la prolongation anticipée du contrat du patron, demandée par M. Diess comme "vote de confiance", selon les médias.

ys/smk/esp

© 2020AFP