Volkswagen accusé d'esclavagisme au Brésil

Des ouvriers forcés à travailler dans des conditions proches de l'esclavage dans un ranch géré par Volkswagen durant la dictature militaire au Brésil ont fait état de viols et de violences "systématiques", selon un procureur.

Le constructeur automobile allemand a été convoqué le 14 juin devant un tribunal des Prud'hommes à Brasilia, après avoir été accusé de multiples violations des droits de l'Homme et notamment de "pratiques esclavagistes" dans un site rural en Amazonie, avaient rapporté dimanche des médias allemands.

Le procureur chargé de cette affaire, Rafael Garcia, a expliqué mardi à l'AFP que des enquêteurs avaient recueilli des dépositions de victimes qui avaient été embauchées comme ouvriers journaliers et intérimaires pour des travaux de déforestation.

"Les travailleurs étaient systématiquement victimes d'agression physiques. Ceux qui tentaient de s'échapper étaient frappés, attachés à des arbres et laissés sur place des jours durant", explique-t-il.

Les enquêteurs ont passé trois ans à rassembler des preuves, après les témoignages d'un prêtre qui avait documenté ces abus au fil des années.

Les faits qui sont reprochés à Volkswagen remontent à la période 1974-1986, durant la dictature militaire qui a sévi au Brésil entre 1964 et 1985.

A l'époque, le groupe avait eu pour projet de construire un grand site agricole au bord du bassin amazonien pour le commerce de viande, la "Companhia Vale do Rio Cristalino", qui est devenu le plus grand ranch de bétail de l'Etat du Para (nord).

Selon les dépositions recueillies par les enquêteurs, des gardes armés étaient chargés de surveiller des centaines d'ouvriers.

"Un ouvrier a tenté de s'échapper, mais s'est fait capturer. Pour le punir, ils ont enlevé sa femme et l'ont violée", peut-on lire dans le rapport d'enquête, un témoignage glaçant corroboré par trois personnes.

"Un autre ouvrier qui tentait de fuir s'est fait tirer sur la jambe. Un autre a été attaché nu", selon un autre extrait du rapport.

Rafael Garcia explique que les travailleurs étaient comme réduits en esclavage, car ils étaient forcés de s'endetter et de consacrer tout leur maigre salaire à l'achat de nourriture à des prix exorbitants.

Certains sont morts de malaria, sans aucun accès aux soins médicaux, selon le procureur.

Rafael Garcia a indiqué qu'un accord pour une indemnisation financière pourrait être trouvé lors de l'audience du 14 juin.

Dans le cas contraire, Volkswagen pourrait faire l'objet de poursuites judiciaires.

Interrogé par l'AFP dimanche, un porte-parole de Volkswagen avait indiqué que le deuxième constructeur automobile mondial prenait "très au sérieux"" cette affaire ainsi que les "éventuels incidents" qui se seraient produits "et sur lesquels se basent les investigations des autorités judiciaires brésiliennes".

Volkswagen a déjà eu maille à partir avec la justice brésilienne pour ses activités à l'époque de la dictature.

En 2020, le groupe a accepté de payer 36 millions de réais (5,5 millions d'euros) pour indemniser des familles d'ex-ouvriers torturés ou assassinés durant cette période.

© 2022AFP