VLF, le luxe selon Bob Lutz

L'un est un patron respecté, l'autre un designer réputé. Bob Lutz et Henrik Fisker, deux "icônes" de l'automobile, ont décidé d'unir leurs talents dans un projet de voiture sportive de luxe présenté cette semaine.

C'est au salon automobile de Detroit (nord des Etats-Unis) que l'alliance entre les deux hommes a pris forme, avec la présentation de deux "supercars", la Force 1 et la Destino, qui veulent concurrencer des fleurons comme Ferrari, Lamborghini (groupe Volkswagen), Maserati (Groupe Fiat Chrysler) et autres Aston Martin.

"Lutz et Fisker ensemble c'est un duo gagnant entre un savoir-faire managérial doublé d'une expertise financière et une innovation du design pour créer un constructeur américain de bolides de référence", s'enthousiasme Karl Brauer, analyste chez Kelley Blue Book.

A 83 ans, Bob Lutz incarne à lui seul une page de l'histoire de l'automobile. Il a été dirigeant chez Chrysler, Ford, BMW et GM. Chez ce dernier, il a créé la Chevrolet Volt, la voiture électrique rechargeable, et chez les autres des bolides restés légendaires.

Les deux modèles présentés par VLF sont un concentré des plus luxueuses technologies existantes. La F1 est équipée d'un moteur V10 de 745 chevaux alors que la Destino reprend le V8, un peu plus modeste avec "seulement" 638 chevaux, de la Chevrolet Corvette ZR-1.

Bob Lutz et Henrik Fisker ont tout misé sur le design pour faire la différence.

La Force 1, au centre d'une bataille juridique entre le designer Henrik Fisker et son ex-employeur Aston Martin, est en fibre de carbone et s'inspire de la mythique Dodge Viper, mais recarrossée avec un habitacle plus cossu.

Si la production de la Destino, un modèle à quatre portes, a commencé, celle de Force 1 débutera au printemps avec des livraisons prévues à l'été.

Ces bolides sont "un mix entre une voiture de course et un véhicule de sport de luxe", résume dans une interview à l'AFP Henrik Fisker.

VLF Automotive trouve son origine dans le constructeur VL lancé en 2012 notamment par M. Lutz et qui avait fait le buzz à Detroit en dévoilant une première version de la Destino. Depuis, plus rien.

Le groupe avait fini par fusionner un an plus tard avec une petite start-up, GreenTech Automotive, elle-même associée au préparateur américain de voiture de sport Saleen pour fabriquer un bolide électrique à destination du marché asiatique.

L'arrivée de M. Fisker - devenu le "F" de VLF- et ses innovations en design sont de nature à redonner des ailes à l'entreprise, estiment certains experts.

 

Baston avec Aston

A 52 ans, il a à son actif de belles réussites comme le cabriolet BMW Z8 et l'Aston Martin DB9. Il espère se remettre en selle avec VLF, après la banqueroute de Fisker Automotive qui se positionnait comme le rival de Tesla.

"Avec VLF, nous utilisons des technologies qui ont fait leurs preuves et garantissent la fiabilité", assure-t-il.

Reste le différend l'opposant à Aston Martin qui l'accuse de copie et l'a menacé de poursuites judiciaires si la Force 1 était dévoilée à Detroit.

"Quand on regarde de près Force 1, il n'y a aucun doute qu'elle ne ressemble à aucune autre voiture", se défend Henrik Fisker, qui a contre-attaqué en déposant une plainte contre Aston Martin à qui il réclame 100 millions de dollars. "Je ne me laisserai pas intimider", tonne-t-il.

Lutz et Fisker ont investi 5 millions de dollars chacun pour démarrer la production puis VLF a réussi à lever des fonds auprès de sociétés de capital-investissement afin de financer son développement.

"Ils (VLF) sont prêts à livrer. Ils ont des clients. On n'a pas hésité", indique sous couvert d'anonymat le gérant d'un fonds américain.

"Il y a un marché pour des voitures uniques et singulières. La Force 1 et la Destino ont le potentiel pour séduire", estime Karl Brauer. La Force 1 coûte autour de 300.000 dollars (275.000 euros) et la Destino 229.000 dollars (212.000 euros).

Selon les documents présentés aux investisseurs, VLF estime n'avoir besoin de produire que 100 véhicules par an pour être rentable. A ce jour, 25 véhicules sortiront de son usine d'assemblage à Auburn Hills (Michigan, nord).

"On n'a pas de dette. Nos coûts sont faibles. L'entreprise emploie en tout 30 personnes", souligne Bob Lutz. "C'est peut-être ma dernière aventure", sourit-il.

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