Ventes VN Russie: -2,3% en 2019

Après deux années de rebond, le marché automobile russe est reparti à la baisse en 2019 et les industriels du secteur ont dit mardi craindre une nouvelle année morose en 2020, sur fond de ralentissement économique du pays.

Avec un recul de 2,3% en 2019, les ventes de voitures neuves et d'utilitaires se sont établies à 1,76 million d'unités et la fédération des industriels, l'Association of European Businesses (AEB), s'est montrée pessimiste en disant s'attendre à une nouvelle baisse de 2,1% pour 2020.

"Nous prévoyons des conditions de marché tout aussi difficiles pour l'année actuelle", a noté le directeur du comité automobile de l'AEB, Joerg Schreiber, selon lequel les ventes de voitures devraient baisser à 1,72 million d'unités en 2020.

Cela reste plus qu'en 2016, année noire au cours de laquelle ne s'étaient écoulés que 1,42 million de véhicules, mais c'est aussi bien loin du record de 2012, quand le marché russe écoulait trois millions de véhicules et occupait le deuxième rang européen derrière l'Allemagne.

Ce nouveau coup d'arrêt du marché automobile russe, qui sortait de deux années consécutives de reprise avec notamment un rebond de 12,8% en 2018, est en partie dû à l'augmentation de la TVA, passée le 1er janvier 2019 de 18% à 20%. Mais les constructeurs mettent aussi ces mauvais chiffres sur le compte de la morosité économique en Russie.

Le croissance russe est restée atone en 2019, aux environs de 1% sur les trois premiers trimestres de l'année, et le pouvoir d'achat qui a lourdement chuté durant la récession de 2015-2016 peine à se reprendre malgré les promesses d'amélioration des autorités.

"L'année 2019 s'est avérée plus compliquée qu'attendue", a déclaré au cours d'une conférence de presse Joerg Schreiber, cité par les agences russes, estimant que le marché automobile russe reste "petit et en dessous de son potentiel".

Le marché russe occupe aujourd'hui le 5e rang européen derrière l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l'Italie, a-t-il précisé.

 

Mauvaises nouvelles en série

Signe de la morosité ambiante, le constructeur américain Ford a annoncé en 2019 réduire drastiquement la voilure en Russie, fermant trois de ses quatre usines pour se limiter aux véhicules utilitaires, tandis que General Motors s'est désengagé du pays en revendant ses parts dans une co-entreprise avec le Russe Avtovaz.

A l'inverse, seule la marque allemande Opel, filiale du français PSA, a annoncé son retour en Russie dont elle était partie quand elle faisait encore partie de General Motors.

Le numéro un du marché russe Lada, dont le constructeur Avtovaz est détenu par l'Alliance Renault-Nissan, a toutefois limité la casse avec une hausse de 1% de ses ventes. Autre vainqueur de l'année, Renault qui conforte sa troisième place avec une hausse de 6% de ses ventes.

Le haut de gamme résiste aussi à la crise puisque les ventes de BMW (+17%) et Mercedes-Benz (+11%) s'affichent en nette hausse, les plus fortes baisses touchant les constructeurs japonais Nissan (-20%) et Mitsubishi (-12%).

Le directeur des ventes et du marketing d'Avtovaz, Olivier Mornet, a lui aussi indiqué lundi s'attendre à une baisse du marché automobile en 2020, l'expliquant par les faibles revenus des Russes et appelant le gouvernement à "des mesures de soutien" pour "aider le marché à se développer".

Pour tenter de soutenir le marché, les autorités ont alloué depuis le 1er janvier cinq milliards de roubles (73 millions d'euros) à un programme de crédit automobile à destination des familles nombreuses et des primo-accédants, sans garanties que ces mesures soient suffisantes sans redémarrage de l'économie russe.

Hors selon le respecté président de la Cour des comptes, Alexeï Koudrine, la croissance de l'économie russe devrait en 2020 plafonner "à 1,5%, voire même moins".

"Notre économie connaît un certain nombre de défis ou de tendances qui ralentissent la croissance", a-t-il déclaré dans une interview à l'agence Ria Novosti, regrettant notamment le vieillissement de la population, l'absence d'innovation des entreprises et la faible productivité du travail.

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