Avec une hausse de 12,8% en 2018, les ventes de voitures neuves sur l'année se sont établies à 1,8 million d'unités, et sont loin d'avoir compensé l'effondrement de 2013-2016. En 2012, elles avaient atteint un record à près de trois millions de véhicules.
Et la fédération des industriels, l'Association of European Businesses (AEB), s'est montrée lundi très prudente en prévoyant une croissance limitée à 3,6% des ventes de voitures neuves cette année.
"Le rythme de la reprise va ralentir", a noté le directeur du comité automobile de l'AEB, Joerg Schreiber. "Nous nous attendons à un début d'année difficile", en partie à cause des "fortes ventes" de l'an dernier mais également en raison de la hausse de la TVA au 1er janvier.
L'évolution des ventes "pourrait être négative en janvier et février. A cause de la hausse de la TVA, nous avons vu beaucoup de demande anticipée au dernier trimestre de 2018. Ces achats vont faire défaut pendant les premiers mois de cette année", a-t-il précisé à l'AFP.
Au 1er janvier 2019, la TVA en Russie à augmenté, passant de 18 à 20%, ce qui inquiète les industriels du secteur automobile.
"Il y a de meilleures chances de croissance au deuxième semestre, car la demande fondamentale du marché devrait être suffisamment robuste pour digérer les incertitudes", a tempéré M. Schreiber. "Mais cela implique qu'il n'y ait pas de changements drastiques dans la réglementation, des taxes supplémentaires ou autres, ce que nous ne pouvons pas exclure. Mais nous pensons que la confiance et les revenus des consommateurs seront suffisamment stables et solides pour garantir un marché au moins stable, ou en légère croissance".
Les constructeurs disent en effet craindre des changements dans la politique du gouvernement envers le secteur automobile, mais également des "nouvelles sanctions américaines" contre la Russie.
Lada en tête
Le marché automobile russe, dans lequel les grands constructeurs mondiaux avaient massivement investi en période de croissance, s'était hissé à la deuxième place en Europe en 2012. Il a diminué de plus de moitié entre 2012 et 2016.
Sensible à l'évolution du taux de change et du pouvoir d'achat, il a particulièrement pâti de la crise causée par la chute des prix du pétrole et les sanctions liées au conflit ukrainien.
Son rebond en 2017 a coïncidé avec la reprise de la croissance de l'économie russe après deux ans de récession mais il reste loin des chiffres de 2012.
Le secteur automobile a terminé l'année 2018 avec des ventes en hausse de 5,6% en décembre sur un an (à 175.000 unités), le douzième mois consécutif de croissance de l'année.
Parmi les dix modèles les plus vendus en 2018, tous sont produits localement et quatre sont des Lada d'Avtovaz (qui fait partie de l'alliance Renault-Nissan), qui arrive en tête du classement, enregistrant une croissance de 16% en 2018 par rapport à l'année précédente.
En 2018, le "marché en Europe occidentale n'a pas changé, le marché russe a augmenté mais reste à la cinquième place", derrière l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l'Italie, a constaté M. Schreiber.
"La croissance sera tout de même (là) et c'est mieux que beaucoup d'autres marchés automobiles dans le monde", a-t-il déclaré à l'AFP, soulignant que dans le trio de tête seule la France avait connu une croissance en 2018.
Pour poursuivre le mouvement, M. Schreiber a estimé que des mesures de soutien des pouvoirs publics étaient "nécessaires" tout en étant "incertaines" et devaient impliquer les industriels dans leur mise en place.
Il s'est inquiété d'une possible hausse des taxes sur le recyclage des voitures.
Le directeur du comité automobile de l'AEB a également critiqué "l'incertitude au sujet de la réglementation de l'industrie locale, qui rend difficiles les décisions d'investissement".
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