Ventes VN Russie: +11,9% en 2017

Le marché automobile russe, amputé de moitié en quatre ans de chute, a enfin redémarré en 2017, mais son rebond reste soumis à une forte incertitude au point que les industriels se gardent de toute prévision pour 2018.

Les ventes de véhicules neufs légers et utilitaires ont augmenté l'an dernier de 11,9% en 2017 pour atteindre 1,59 millions d'unités, selon les chiffres publiés vendredi par les constructeurs réunis dans l'Association of European Businesses (AEB).

Ce résultat marque un renversement de tendance bienvenu pour le secteur, mais reste bien loin des près de trois millions atteints en 2012 qui plaçait la Russie au deuxième rang européen après l'Allemagne.

"Le marché à encore un long chemin à parcourir pour retrouver sa vigueur d'antan, mais un premier pas important a été fait dans la bonne direction", a assuré Joerg Schreiber, directeur du comité automobile de l'AEB, devant la presse.

Il a souligné que les ventes de décembre étaient "au diapason des mois précédents, avec une croissance à deux chiffres" (+14% sur un an à 166.013 unités vendues selon les chiffres de l'AEB). Il s'agit du dixième mois de croissance d'affilée.

Le marché russe reste ainsi à la quatrième place en Europe, a précisé M. Schreiber, soulignant la croissance des secteurs automobiles dans les principaux marchés européens (Allemagne, France, Italie) à l'exception du Royaume-Uni.

"Cette année, pour la première fois, nous sommes dans l'impossibilité d'annoncer une prévision précise pour 2018", a également annoncé M. Schreiber.

Il a justifié cette prudence par "l'incertitude" liée aux intentions du gouvernement concernant le niveau d'une taxe imposée sur les achats de véhicules importés.

- Modèles locaux dominent -

"Le gouvernement russe discute toujours du niveau de ces taxes, nos membres ne peuvent donc pas établir pour le moment de prévisions", a précisé à l'AFP M. Schreiber.

"Je serai surpris que la tendance positive ne se poursuive pas" concernant les ventes, a-t-il cependant assuré.

Plus tard dans la journée, le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch a indiqué que le projet du gouvernement devait être finalisé dès vendredi, prévoyant une hausse de cette taxe pouvant atteindre 15% sur certains modèles.

Le marché est très sensible à l'évolution des prix, dépendant des taxes, mais aussi de l'évolution du taux de change et du pouvoir d'achat. Il a particulièrement pâti de la crise causée par la chute des prix du pétrole et les sanctions liées à la crise ukrainienne.

Alors que les grands constructeurs mondiaux avaient massivement investi en période de croissance, il a fondu de plus de moitié entre 2013 et 2016.

Son rebond en 2017 va de paire avec la reprise de la croissance de l'économie russe après deux ans de récession.

En 2017, les modèles produits localement ont dominé le marché russe. La hausse des ventes a notamment profité au numéro un du marché Avtovaz, contrôlé par Renault et dont les ventes de Lada ont progressé de 17% par rapport à 2016. Volkswagen (21%), Mitsubishi (45%), Honda (39%), Volvo (26%) et Peugeot (37%) ont entre autres affiché de fortes progressions.

Nicolas Maure, président d'Avtovaz et directeur des opérations de la région Eurasie du groupe Renault, s'est réjoui auprès de l'AFP "d'une part de marché record pour Renault et pour Avtovaz dans les dernières cinq années".

Lada s'était félicité mercredi d'avoir enregistré en décembre ses "meilleurs ventes mensuelles en trois ans" qui permettent à la marque de "garder la première place sur le marché russe avec une part de 19,5%" pour les véhicules neufs légers et utilitaires.

M. Maure a avancé une prévision de croissance "du marché toutes marques entre un chiffre et 10%, mais ça va beaucoup dépendre des taxations": celles-ci "n'impactent pas tellement les marques locales parce qu'elles bénéficient d'avantages liées au régime industriel, en revanche elles impactent beaucoup les (voitures) importées, surtout de prix bas et moyens".

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