Ventes VN France : envol trompeur de +40% en août

Des immatriculations qui bondissent voire doublées pour certains constructeurs: le marché automobile français affiche pour août des chiffres impressionnants mais peu représentatifs car gonflés par les conséquences de l'introduction d'une nouvelle norme européenne. Au total 150.393 voitures particulières neuves ont été immatriculées en France le mois dernier, avec une hausse de 36% pour les seules marques françaises et de 44,6% pour les étrangères.

Voir les CP des bilans mensuel et 8 mois du CCFA ci-dessous

"Les chiffres d'août ne veulent rien dire du tout", résume à l'AFP Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile.

En tant que tels, les chiffres publiés samedi sont florissants. Le mois dernier, les nouvelles immatriculations de voitures particulières en France ont augmenté de 40% par rapport à août 2017, selon les données provisoires du Comité français des constructeurs automobiles (CCFA), la fédération du secteur.

Toutefois, alors que les chiffres des immatriculations donnent habituellement une idée fidèle des ventes et du marché, ceux du mois dernier "ne reflètent en aucun cas la réelle dynamique", insiste M. Neuvy. "On est dans quelque chose de complètement artificiel".

C'est l'introduction par l'Union européenne d'une nouvelle norme qui est en cause. A partir de ce samedi, les conditions d'homologation des véhicules neufs se durcissent: certains tests, plus rigoureux, sont étendus à l'ensemble de la gamme des constructeurs.

Ces tests en laboratoire mesurent la consommation de carburant, mais aussi les émissions de CO2, de particules, d'oxydes d'azote (NOx) et autres produits nocifs. Ils ont été renforcés l'an dernier, afin de mieux refléter les consommations et rejets réels des véhicules, mais cette actualisation ne concernait jusqu'alors que les nouveaux modèles des constructeurs.

 

La tendance reste positive

L'élargissement de ces tests, dits "de véhicules légers harmonisés au niveau mondial" (WLTP selon la version anglaise), a un effet collatéral qu'avaient annoncé plusieurs experts: certains constructeurs ont probablement pris les devants en août pour éviter d'y confronter une partie de leur production.

Certains constructeurs sont ainsi soupçonnés d'avoir accordé de gros rabais en août sur des véhicules qui n'auraient plus pu être commercialisés à partir de septembre, ou bien de les avoir immatriculés auprès de leurs propres concessionnaires afin de les écouler plus tard.

"Les constructeurs ont devancé WLTP et immatriculé sur parc massivement", avance M. Neuvy. "Comme il n'y a pas de vrais clients derrière, ça deviendra des véhicules +zéro kilomètre+ sur les parcs des concessionnaires."

Parmi les bonds les plus sensibles en août, le français Renault signe une hausse de 52,4%. Du côté des marques étrangères, le japonais Nissan - partenaire de Renault -, l'allemand Volkswagen et l'italo-américain Fiat Chrysler figurent parmi les plus fortes hausses, respectivement de 110,3%, 49,7% et 92%.

Volkswagen, notamment, n'avait pu adapter à temps certains modèles pour les rendre conformes à la norme. Le constructeur allemand a été contraint de stocker des milliers de voitures en attente d'homologation et de ralentir sa production.

En revanche, le français PSA, qui maintient sa première place sur le marché français, ne signe qu'une progression de 22,7%. Il avait annoncé en début de semaine que l'ensemble de ses modèles étaient déjà homologués selon la nouvelle norme.

Si M. Neuvy s'attend logiquement à un repli des prochains chiffres d'immatriculations, le marché automobile, qui profite notamment de l'essor des locations avec option d'achat (LOA), garde une tendance positive au-delà des chiffres artificiellement élevés du seul mois d'août.

Depuis le début de l'année 2018, le nombre d'immatriculations s'établit à 1.513.935 véhicules, soit une hausse de 8,9% par rapport aux huit premiers mois de 2017.

Sur cette période, les constructeurs français ont gagné 57,3% du marché dans le pays et leurs immatriculations de véhicules neufs gagnent 15,1%. Du côté des étrangers et sur la même période, le nombre d'immatriculations s'inscrit en hausse de 1,56%.

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