Ventes VN Chine: + 4,4% en avril, le secteur auto en convalescence

Les ventes automobiles en Chine, qui ont connu un plus bas historique pour cause d'épidémie, retrouvent de la vigueur au moment où certains Chinois cherchent une alternative aux transports publics, mais l'embellie reste fragile.

L'automobile est un secteur crucial pour l'économie du géant asiatique et l'un des premiers à avoir bénéficié de mesures de soutien de l'Etat, toujours inquiet de la stabilité sociale.

Pékin a décidé fin mars de prolonger de deux ans l'exemption de taxes à l'achat de véhicules électriques. Plusieurs municipalités ont également levé des restrictions qui plafonnaient le nombre de nouveaux véhicules mis en circulation pour limiter les embouteillages et la pollution.

L'effet de ces mesures reste à confirmer sur le premier marché mondial, déjà fragilisé avant l'épidémie.

Mais elles sont "indispensables pour sortir de l'ornière" après un plongeon de 80% des ventes en février en pleine pandémie, estime Laurent Petizon, du cabinet AlixPartners.

En avril, et pour la première fois en près de deux ans, les ventes de véhicules sont reparties à la hausse (+4,4% sur un an), selon l'Association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM).

Cette hausse a été portée par une forte demande en camions et véhicules utilitaires, d'après la CAAM. Mais les ventes de voitures particulières sont restées dans le rouge (-2,6%).

"Ces derniers mois, les affaires ont été compliquées parce que les gens sont restés chez eux", observe Zhang Fengkai, vendeur du concessionnaire japonais Mazda à Pékin.

"Mais les clients commencent à revenir" à mesure que l'activité reprend, assure-t-il à l'AFP.

 

Des voitures contre le virus?

La tendance semble profiter à plusieurs constructeurs, dont Volkswagen.

"En avril, nos livraisons ont même augmenté", a assuré la semaine dernière le responsable Chine de la marque allemande, Stephan Wöllenstein.

Selon lui, la pandémie a fait naître une nouvelle clientèle qui souhaite "acquérir un véhicule pour éviter d'être contaminé dans les transports en commun".

Sur le terrain, les concessionnaires contactés par l'AFP affichent moins de certitude sur ce point.

"Conduire soi-même est plus pratique et c'est aussi plus rassurant en période d'épidémie", explique Mme Pu, vendeuse chez Audi à Chengdu (sud-ouest).

Mais si les clients reviennent, c'est "parce qu'ils pensent que les prix sont plus bas" en période de redémarrage économique, souligne Mme Pu.

Profil type: "des parents (qui) achètent à leur enfant sa première voiture" mais les affaires restent difficiles, tempère la vendeuse.

En 2003, l'épidémie de Sras avait entraîné une forte demande de véhicules, rappelle à l'AFP l'analyste Henner Lehne, du cabinet IHS Markit.

Mais, fait-il remarquer, à l'époque "l'économie chinoise était en plein essor", avec une croissance à deux chiffres, portée par les retombées de l'adhésion de Pékin à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) deux ans plus tôt.

A l'inverse aujourd'hui, la confiance des consommateurs est "fragilisée" avec une croissance en repli historique au premier trimestre (-6,8%) et des incertitudes liées à l'emploi, estime M. Lehne.

 

Haut de gamme et électrique

Cette année, un repli "à deux chiffres" du marché auto est attendu, prévient M. Petizon.

La Chine est devenue ces dernières années le plus grand marché automobile du monde. Mais, pour la première fois depuis les années 1990, les ventes d'automobiles sont en repli depuis 2018, sur fond de ralentissement économique généralisé et de tensions commerciales avec les États-Unis.

Les marques des segments moyen et haut de gamme semblent toutefois tirer leur épingle du jeu.

"Les clients fortunés reviennent plus rapidement", assure M. Wöllenstein, dont le groupe détient les marques Porsche, Lamborghini et Audi.

Les véhicules électriques ont également le vent en poupe, portés par les récentes annonces de Pékin, alors que ce créneau ne représentait qu'à peine 5% des ventes en 2019, rappelle M. Lehne.

Dans un magasin de Pékin, Wang Zhong, qui travaille dans la finance, est en admiration devant un modèle de l'américain Tesla, marque "la plus réputée" en matière d'électrique, selon lui.

Et "il y a jusqu'à 300.000 yuans (38.750 euros) d'aides" publiques possibles, s'enflamme-t-il.

Tesla a annoncé porter à 4.000 unités par semaine la production du Model 3, son véhicule phare, dans son usine de Shanghai, qui en produisait moins de 300 voitures par jour fin 2019.

De son côté, la start-up NIO, principale concurrente de Tesla en Chine, a annoncé avoir presque triplé ses ventes en avril sur un an.

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