Véhicules connectés : l'écosystème européen demande le libre accès aux données

L'écosystème de l'automobile a demandé vendredi à la Commission européenne que les données numériques enregistrées par les voitures ne soient pas réservées qu'aux constructeurs.

Une alliance inédite d'équipementiers, de sociétés de leasing et de location, de concessionnaires, de garagistes ou d'assureurs a appelé dans un communiqué le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton à présenter d'ici l'automne "des mesures législatives promises de longue date concernant l'accès aux données, aux fonctions et aux ressources embarquées dans les véhicules".

La Commission a présenté en 2022 une "loi sur les données" qui, après sa validation par les États membres le 24 mars, doit maintenant être discutée avec le Parlement européen.

Localisation, pannes, préférences des conducteurs: le marché des données automobiles pourrait atteindre un montant annuel de 400 milliards d'euros à l'échelle mondiale d'ici à 2030, selon la Commission.

Selon les signataires de cet appel, les constructeurs automobiles ont dans le partage des données "un avantage pratiquement incontestable en raison de la conception des véhicules".

"Les équipementiers automobiles européens ont besoin d'un accès équitable aux données et aux ressources embarquées pour pouvoir survivre et prospérer dans un secteur en constante évolution", a souligné Benjamin Krieger, secrétaire général du comité de liaison européen des équipementiers (Clepa).

"Sans cela, nous ne pourrons pas, ni l'ensemble de l'écosystème du marché des pièces de rechange, rivaliser avec les géants de la technologie qui dominent déjà les systèmes d'info-divertissement des véhicules et innover avec des composants et des services répondant aux nouvelles exigences numériques".

Selon Agustin Reyna, du Bureau européen des unions de consommateurs, "les données étant considérées comme la nouvelle manne pour les constructeurs automobiles, il est très problématique de leur confier la garde des données des conducteurs et de leurs voitures".

"Ce n'est pas à eux qu'il appartient de décider de qui a accès à ces informations, mais aux consommateurs", a poursuivi M. Reyna.

"L'industrie automobile a longtemps tenté de lutter contre toute politique susceptible de remettre en cause son monopole sur les données des voitures. Cette situation doit cesser pour favoriser la concurrence dans les services après-vente et les services de mobilité associés, et, en fin de compte, pour l'intérêt des consommateurs".

Pour Lorraine Frega, vice-présidente de Michelin, "il est urgent de mettre en place une réglementation sectorielle et juridiquement contraignante régissant l'accès aux données embarquées afin de garantir la liberté de choix des utilisateurs, une concurrence loyale et un écosystème entrepreneurial européen compétitif et indépendant".

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